Messine
- Encyclopédie de famille
Messine, ville de Sicile, siège d’un archevêché, est située d’une manière ravissante, sur le détroit de Messine, et entourée d’une ceinture de rochers abruptes. Elle compte 103,324 habitants. Son excellent port est pourvu de deux phares, et défendu par une citadelle ainsi que par des forts. Le Corso la divise en ville de mer et ville de montagne ; la rue Marina, longue d’environ 7 kilomètres, longe tout le rivage. On y voit plusieurs belles places, et les rues sont pavees en lave. Les églises y sont nombreuses, et la plus remarquable est l’antique cathédrale, si riche en tableaux, mosaïques et marbres précieux. Parmi les palais, on distingue celui du sénat. Messine possède aussi plusieurs riches bibliothèques, et un vaste hôpital appelé Loggia. Du couvent de San-Gregorio on jouit du plus beau point de vue qu’il soit possible d’imaginer, sur le détroit et sur la côte de Calabre. Le commerce est sensiblement déchu de ce qu’il était autrefois ; l’industrie, notamment celle de la fabrication des étoffes de soie, y est toujours fort importante. L’exportation consiste en soieries, olives, fruits secs et coraux. Messine s’appelait autrefois Zancle ; c’était à l’origine une cité des Sicules ; mais conquise et peuplée par les Messéniens (668 avant J.-C.), elle prit le nom de Messine. Elle devint un importante place de commerce ; mais les Carthaginois s’en rendirent maîtres, en 396, et la détruisirent. Denys de Syracuse la reconstruisit. Lui et son fils en demeurèrent les souverains ; plus tard elle passa sous les lois d’Agathoclès, puis, en 282, sous celles des Mamertins. Les Romains s’en emparèrent lors de la seconde guerre punique, qui y éclata en 264. Au moyen âge elle tomba, en 1060, au pouvoir des Sarrasins, puis des Normands, des Hohenstaufen, de Charles d’Anjou en 1266, en 1282 de Pierre d’Aragon, à la suite des Vêpres siciliennes. En 1673 des factions intérieures déterminèrent cette ville à se placer sous la protection de Louis XIV ; et c’est dans expédition entreprise pour en déloger les Français que Ruyter mourut glorieusement, à la bataille de Messine. En 1743 une effroyable peste la ravagea ; et le tremblement de terre de 1783 en détruisit une bonne moitié. Dans ces derniers temps Messine a eu beaucoup à souffrir des luttes révolutionnaires : le 2 septembre 1847 une sanglante collision éclatait dans ses rues entre le peuple et la force armée ; en 1848 elle fût deux fois bombardée par la garnison napolitaine, réfugiée dans le fort de Terra-Nuova ; le 17 juillet 1860 elle reçut Garibaldi dans ses murs, et ne tarda pas, comme le reste de la Sicile, à voter sa réunion au royaume d’Italie.