Pierre d’Aguerre
- Dictionnaire infernal
Aguerre (Pierre d’). Sous Henri IV, dans cette partie des Basses-Pyrénées qu’on appelait le pays de Labour[1], on fit le procès en sorcellerie à un vieux coquin de soixante-treize ans, qui se nommait Pierre d’Aguerre, et qui causait beaucoup de maux par empoisonnements, dits sortilèges. On avait arrêté, en même temps que lui, Marie d’Aguerre et Jeanne d’Aguerre, ses petites-filles ou ses petites-nièces, avec d’autres jeunes filles et les sorcières qui les avaient menées au sabbat. Jeanne d’Aguerre exposa les turpitudes qui se commettaient dans les grossières orgies où on l’avait conduite ; elle y avait vu le diable en forme de bouc. Marie d’Aguerre déposa que le démon adoré au sabbat s’appelait Léonard, qu’elle l’avait vu en sa forme de bouc sortir du fond d’une grande cruche placée au milieu de l’assemblée, qu’il lui avait paru prodigieusement haut, et qu’à la fin du sabbat il était rentré dans sa cruche.
Deux témoins ayant affirmé qu’ils avaient vu Pierre d’Aguerre remplir au sabbat le personnage de maître des cérémonies, qu’ils avaient vu le diable lui donner un bâton doré avec lequel il rangeait, comme un mestre de camp, les personnes et les choses, et qu’ils l’avaient vu à la fin de l’assemblée rendre au diable son bâton de commandement[2], le vieux coquin, qui avait bien d’autres méfaits, fut condamné à mort comme sorcier avéré. (Voyez : Bouc et Sabbat).