Saint Ambroise

  • Encyclopédie de famille

Ambroise (Saint), l’un des plus célèbres Pères de l’Église, naquit vers 340, et probablement à Trêves, où son père résidait en qualité de préfet des Gaules. Sa mère était chrétienne pleine de ferveur, et sa sœur prit le voile des mains du pape Libère. Ambroise, s’étant distingué dans la carrière du barreau à Milan, fut revêtu du titre de consul par l’empereur Valentinien, qui lui confia le gouvernement de la Ligurie et de la province Emilia. Il reçut en partant cette instruction : « Allez, et agissez, non pas en juge, mais en évêque : modérez la rigueur des lois romaines. Point de tortures, surtout point ’ de condamnations à mort ! Soyez indulgent et secourable au peuple ! » La douceur que montra Ambroise dans l’exercice de ses fonctions lui concilia la population de Milan, déchirée alors par l’arianisme. À la mort de l’évêque Auxence (374), qui était arien, les deux partis se disputaient vivement l’élection. On allait en venir aux mains dans l’église. Ambroise s’y rendit et parla à la foule comme un magistrat désireux de rétablir la tranquillité publique. Aussitôt une voix propose de nommer Ambroise ; et tous, catholiques et ariens, d’acclamer évêque leur préfet, qui n’était encore que simple catéchumène. Ambroise repoussa longtemps l’honneur qu’on voulait lui conférer. Pour se faire regarder comme indigne des fonctions dont on le menaçait, il eut même recours à des artifices assez singuliers. Le peuple ne fut point dupe de ces stratagèmes, et s’écria : « Nous prenons ton péché sur nous ! » Ambroise alla jusqu’à quitter la ville ; mais l’ordre formel de l’empereur l’y rappela. Il se fit alors baptiser, et huit jours après il recevait la consécration épiscopale. Il fit don de tout ce qu’il possédait aux pauvres et à son église. Une partie de ses nuits était employée à l’étude de l’Écriture et des Pères ; et toutes ses journées étaient consacrées à l’accomplissement de ses devoirs épiscopaux, à consoler les affligés, à visiter les malades, à secourir les malheureux. Saint Augustin, qui se fit baptiser par lui, nous le montre trouvant à peine,au milieu de cette vie si laborieuse, le peu d’instants nécessaires pour prendre ses repas, lire à la hâte quelques pages et méditer sur sa lecture. On venait du fond de la Mauritanie et de la Thrace chercher auprès de lui un refuge contre les malheurs du temps ; et il n’était pas de sacrifices qu’il ne s’imposât pour secourir les fugitifs. Les partisans de l’ancien culte profitèrent, en l’an 383, d’une disette qui affligeait l’Italie pour demander la restauration du sacerdoce païen et le rétablissement de l’autel de la Victoire au sommet du Capitale. Ce vœu, que le préfet de Rome appuyait de son éloquence, embarrassait la faible cour impériale. L’évêque de Rome, Damase, n’y résistait qu’en silence. De là entre les deux prélats une lutte éloquente et passionnée, qui se termina à la gloire d’Ambroise.

Une première fois, lorsque le jeune Gratien était mort assassiné à Lyon, Ambroise avait réussi, par une démarche personnelle, tentée auprès de Maxime, à l’empêcher de pénétrer en Italie. Mais trois ans après, à la suite des troubles provoqués par les sympathies avouées de la cour impériale pour l’arianisme et ses partisans, Maxime jugea le moment favorable pour ajouter l’Italie à ses possessions. Il feignit de prendre la défense d’Ambroise et de la foi catholique. La cour eut encore recours à l’intervention de l’évêque de Milan. Maxime refusa cette fois de lui accorder audience. Il franchit les Alpes, et Ambroise ayant à son tour refusé d’entrer en rapport avec les évêques qu’il menait à sa suite, parce qu’ils s’étaient tout récemment associés à la sanglante exécution de quelques hérétiques, le tyran en prit prétexte pour envahir l’Italie et se déclarer aussi bien contre Ambroise que contre VaJentinien et sa mère, qui furent réduits à s’enfuir en Orient. Cependant, Théodose arriva en Italie, renversa l’usurpateur et replaça la Péninsule sous l’autorité de la famille de Valentinien. À Milan il fut reçu par le peuple et par l’évêque comme un libérateur. Deux ans après on apprit dans cette ville le massacre de Thessalonique, ordonné par Théodose et exécuté par Rufin. Quelques années auparavant, à propos d’une révolte des habitants de la même ville, Ambroise avait obtenu leur grâce de Théodose. Cette fois le pieux évêque n’hésita point à écrire à l’empereur une lettre où il lui représentait l’énormité du forfait commis par son ordre, et dont la responsabilité devant Dieu retombait sur lui-même. Il terminait en ces termes : « Je n’ai contre toi nulle haine ; mais tu me fais éprouver une sorte de terreur. Je n’oserai en ta présence offrir le saint sacrifice : le sang d’un seul homme justement versé me l’interdirait, le sang de tant de victimes innocentes me le permet-il ? Je ne le crois pas… » Théodose, en dépit de cette lettre, se rendit à l’église avec tout son cortège. Il fut arrêté sur le seuil du temple par Ambroise, qui lui reprocha publiquement son crime et lui demanda s’il oserait de ses mains encore teintes de ce sang innocent toucher au corps sacré de Jésus et recevoir l’hostie divine dans cette bouche qui avait ordonné tous ces massacres. Théodose invoqua en balbutiant l’exemple de David pour excuse. « Vous l’avez imité dans son crime, répliqua l’évêque ; imitez-le dans sa pénitence. » Confondu par ce noble courage, l’empereur se retira, et peu de jours après parut un édit ordonnant de laisser désormais s’écouler, un intervalle de trente jours entre une condamnation à mort et l’exécution de la sentence. Ce ne fut qu’après une pénitence de huit mois, que évêque consentit à administrer la communion à l’empereur. Théodose, réconcilié complètement avec Ambroise, ne tarda pas à s’en retourner en Orient. Il ne revint en Italie que pour punir Arbogaste, qui avait proclame empereur le rhéteur Eugène, annonçant hautement l’intention de rétablir l’ancien culte. Théodose tomba malade à Milan, où il expira. Son oraison funèbre fut prononcée par Ambroise, qui lui survécut peu. Il mourut en 397. On lui attribue le cantique ambrosien si généralement connu sous le titre de Te Deum ; mais il est prouvé que ce magnifique chant fut composé un siècle plus tard. Le rite Ambrosien n’a reçu ce nom qu’en raison des quelques modifications qu’y introduisit saint Ambroise.