U

  • Grammaire
  • Léon Vaïsse
  • Encyclopédie moderne

U. Cette lettre, qui forme le vingt et unième caractère et la cinquième voyelle de notre alphabet, comme aussi des alphabets de toutes les autres langues néo-latines, et des langues germaniques, a pris son origine chez les Romains. Elle ne paraît cependant avoir été en usage qu’à une époque assez tardive ; car on ne la rencontre pas sur les anciens monuments graphiques latins, inscriptions lapidaires ou médailles. Sur ces monuments elle est constamment remplacée par le V, dont elle fut ainsi plus tard comme un simple dédoublement. Lorsqu’on eut commencé à se servir de l’U, on le confondit longtemps avec le V, de la même manière que l’on confondait le J avec l’I , et l’on conserva les noms d’U voyelle et d’U consonne bien après que l’usage de deux caractères distincts se fût établi. L’emploi de l’un et de l’autre fut même d’abord fort arbitraire, et il se passa bien du temps avant que l’on attribuât spécialement à chacun de ces caractères l’une des deux valeurs phoniques, qu’on avait jusqu’alors confondues sous le même signe, et que l’on fît de l’U le représentant d’un son vocal, comme du V celui d’une articulation. Dans les premiers livres imprimés en caractères romains on peut voir employés uniformément, dans l’un et l’autre cas, le V comme majuscule et l’U comme minuscule. Dès le seizième siècle le savant Ramus avait, entre autres réformes orthographiques, proposé la distinction et la séparation définitive de l’U et du V. Néanmoins, jusque dans la première moitié du siècle dernier ces deux lettres, bien que fixées enfin quant à leur valeur, étaient dans tous les dictionnaires mêlées encore ensemble, et les mots qui les avaient pour initiales appartenaient au même chapitre.

Nous devons toutefois faire remarquer que dans l’écriture gothique la distinction dont il s’agit paraît avoir été faite beaucoup plus tôt, et qu’on la trouve observée dans les monuments de l’enfance de l’imprimerie, lesquels furent, comme on sait, exécutés avec ce genre de caractères.

La lettre latine dont nous nous occupons offre, sinon dans sa forme du moins dans son emploi, de l’analogie avec le vav sémitique ainsi qu’avec le hioun arménien,qui se prononcent l’un et l’autre, tantôt comme voyelle, ou, tantôt comme consonne, v ou w. Les points massoréliques qui peuvent en hébreu se rapporter à l’U comme voyelle sont le shourek et le kibbuts. Le premier toutefois ne représente que le son long ; et quant au second, il n’est pas certain qu’il représenta dans l’origine plutôt le son u que le son ou bref.