Aconit

  • Botanique et matière médicale
  • A. Duponchel
  • Encyclopédie moderne

Aconit. Ce genre, appartenant à la famille des renonculacées, section des helléboracèes, présente de l’importance en raison des propriétés vénéneuses de la plupart des espèces qu’il renferme. La plus remarquable et la plus généralement connue est l’aconit napel, grande et belle plante à fleurs en épi, d’un beau bleu ; elle croît en France et dans les régions méridionales de l’Europe, au milieu des pâturages des montagnes ; on la cultive même dans les jardins, où elle se multiplie de graines, et mieux encore par le déchirement des vieux pieds en hiver.

Les propriétés vénéneuses de l’aconit étaient connues dès les temps les plus anciens : née de l’écume de Cerbère, cette plante était, au dire des poètes, le principal ingrédient des poisons préparés par Médée. C’est dans le suc de l’aconit que jadis les Germains et les Gaulois trempaient leurs flèches pour les empoisonner ; de nos jours, les racines d’une espèce décrite par Wallich, sous le nom d’aconitum, ferox, sont un objet de commerce chez certains peuples de l’Inde, qui l’emploient au même usage que nos pères.

Le napel, avec ses congénères, a été rangé par M. Orfila parmi les poisons âcres ; mais, outre ses effets locaux, il agit encore par absorption, et détermine des désordres graves dans l’innervation. Cependant l’aconit a été introduit dans la thérapeutique médicale ; un célèbre médecin de Vienne, Stoerk, l’administra, au siècle dernier, contre les affections rhumatismales chroniques, et aujourd’hui M. le professeur Fouquier l’emploie avec quelque succès contre certaines hydropisies passives. La préparation la plus usitée est l’extrait fait avec le suc exprimé de la plante fraîche ; la dose est de 0gr,05 à 0gr,1, qu’on peut augmenter progressivement.

Les chimistes ont extrait des feuilles du napel une substance alcaloïde à laquelle ils ont donné le nom d’aconitine, et qui paraît être le principe actif de la plante.