Acrostiche
- Littérature
- E. Dupaty
- Encyclopédie moderne
Acrostiche. C’est un petit poème qui tient au Parnasse un rang distingué entre la charade, l’énigme, le logogriphe, les bouts-rimés, et autres niaiseries littéraires. L’acrostiche se compose d’autant de vers qu’il y a de lettres dans le nom qu’on a pris pour sujet. Chaque vers doit commencer par une des lettres de ce nom, prises de suite. Ainsi, pour faire un acrostiche sur le mot Nicolas, le premier vers commencera par un N, le second par un I, etc., de manière que le nom entier se trouve inscrit à la gauche du poème. Quand on veut doubler la difficulté et par conséquent le mérite de l’ouvrage, on redouble l’acrostiche, c’est-à-dire qu’on place une seconde fois le nom à l’hémistiche ; c’est atteindre le sublime du genre. L’acrostiche se consacre ordinairement à la louange d’un grand roi, d’un prince, d’un protecteur, d’un bon-papa, ou d’une maîtresse. Ce poème était jadis exclusivement à l’usage de la flatterie et de la galanterie. Dans le temps où l’on faisait un cas particulier des titres, des cordons et des parchemins, les acrostiches étaient fort à la mode ; les abbés et les marquis se livraient surtout à ce genre de poésie. L’acrostiche était alors un poème de cour ou de ruelle ; tout l’esprit s’y trouve au commencement des vers, comme dans les bouts-rimés il est à la fin. Hâtons-nous de dire que le goût a depuis longtemps fait justice de ces puérilités misérables, dont bien peu de personnes s’occupent encore aujourd’hui.