Agave
- Botanique
- Bory de Saint-Vincent.
- Encyclopédie moderne
Agave. Genre de plantes de la famille des broméliacées, c’est-à-dire voisin des ananas, que l’aspect singulier des espèces qui le composent a fait souvent confondre avec les aloès, et dont on cultive plusieurs dans les serres ou dans les orangeries de l’Europe ; d’autres croissent même en pleine terre dans nos provinces méridionales. La plus remarquable, celle que l’homme rapprocha de lui par l’utilité qu’elle lui présentait, est l’américaine, l’agava americana des botanistes, vulgairement nommée pite ou pitte dans les colonies, où ses feuilles, après un rouissage, donnent un fil grossier, mais très propre à faire des cordages pour les embarcations : on en fait aussi des hamacs, des filets, des lignes de pêche ; et plusieurs hordes barbares s’en servent pour coudre leurs vêtements ou tisser des étoffes végétales qui reçoivent fort bien les couleurs qu’on leur imprime.
L’agave d’Amérique donne déjà aux campagnes où il est cultivé un aspect particulier exotique. Depuis Perpignan, dans la Catalogne, dans le royaume de Valence, le long de la Méditerranée, et dans toute l’Andalousie, dès le revers de la Sierra-Morena, on en forme des haies impénétrables, et ce genre de clôture embellit les champs et les propriétés qu’elle circonscrit. Les routes des parties les plus chaudes de l’Espagne en sont souvent bordées, et l’on a vu, dans certains combats, des soldats se croire inexpugnables, comme dans une citadelle, derrière des agaves pressés. En plusieurs endroits, les conquérants du pays furent dans la nécessité, afin d’y pouvoir circuler librement, de faire arracher, à cinquante toises de leurs communications, des végétaux qui les rendaient si dangereuses, en mettant les embuscades à l’abri de toute tentative de riposte.
Nul végétal ne présente une rapidité d’accroissement aussi extraordinaire que l’agave ; formé de feuilles radicales, longues, coriaces, armées de dents déchirantes et de pointes dures, on dirait un artichaut ouvert, gigantesque, dont chaque feuille atteindrait de cinq à sept pieds de long. Du centre de cet amas de feuillage glauque, sort, quand la plante a deux ou trois ans, une sorte de hampe de la figure d’une asperge qui commencerait à poindre, et qui, croissant à vue d’œil, atteint jusqu’à vingt-cinq pieds de hauteur en six ou huit jours : nous en avons vu même prendre tout leur développement en trois fois vingt-quatre heures ; et, dans ce cas, rare à la vérité, la croissance étant d’environ une ligne par minute, on pouvait aisément en distinguer la singulière rapidité. L’extrémité de cette hampe se charge de fleurs réunies en paquets, et dont la disposition générale est celle d’un élégant candélabre.