Agave
- Encyclopédie de famille
Agave, genre de plantes de la famille des linacées établi par Linné. On a longtemps confondu les agaves avec les aloès, à l’instar desquels ils élèvent du milieu d’une rosace de feuilles longues et épaisses leur tige cylindrique et écailleuse comme celle d une grosse asperge. Leur floraison n’a lieu qu’une fois pendant toute leur vie : dans les pays chauds, elle arrive au bout de sept ou huit ans ; mais dans nos climats tempérés ou froids elle peut être retardée jusqu’à la quarantième année. Pendant tout ce temps la plante reste basse et s’allonge fort peu ; mais lorsque le moment de fleurir est arrivé, on la voit grandir rapidement et atteindre une hauteur de vingt, trente et quarante pieds en un mois. Il y avait là certes de quoi mettre en verve les amis du merveilleux : aussi s’est-on plu à dire que la floraison des agaves n’avait lieu qu’au bout de cent ans, et qu’elle était accompagnée d’une explosion semblable à celle d’un coup de canon.
L’agave d’Amérique (agave americana) fut apporté en Europe vers le milieu an seizième siècle. On en possède une variété à feuilles panachées de blanc et de jaune, dont les grands bouqueté de fleurs disposés le long de la hampe, comme un gigantesque candélabre, produisent le plus bel effet. Les fibres des feuilles de l’agave sont longues, fortes et déliées ; on en fabrique des cordes, des filets de pécheurs, des tapis, des toiles d’emballage, des pantoufles, du papier, et divers autres ouvrages. On dégage les fibres en faisant rouir les feuilles comme du chanvre dans une eau stagnante ou dans du fumier ; on les écrase entre deux cylindres ; on les lave, on les bat, et on les peigne à plusieurs reprises pour les nettoyer et leur donner de la souplesse. On retire encore des feuilles de l’agave, par la trituration, un suc que l’on fait épaissir par l’évaporation après y avoir ajouté une certaine quantité de cendres, ce qui donne une sorte de savon qu’on emploie pour lessiver le linge. Plusieurs agaves ont fleuri dans le midi de la France en 1864. Le jardin d’acclimatation du bois de Boulogne en a vu un en fleur la même année.
L’agave pitte (agave fœtida) fournit un fil plus un. On mit macérer ses fibres pendant trois ou quatre heures dans la saumure, puis on les lave et on les assouplit avec de l’huile. Avec ce fil on fait dans les îles de la Méditerranée des bas, des gants et même des étoffes appelées zapparas.
L’agave du Mexique (agave cubensis) est le maguey des Mexicains. Lorsqu’on enlève les jeunes pousses placées au centre de la touffe des feuilles, on forme dans ce point une cavité, une sorte de cuvette, dans laquelle s’amasse promptement et en abondance un suc limpide sucré que l’on enlève et qu’on laisse fermenter, en y ajoutant une racine que les Mexicains nomment ocpatti ; c’est là ce qui a valu à cette plante le nom de vigne du Mexique. Mais ce vin, peu agréable au goût, donne une odeur fétide à l’haleine de ceux qui en boivent immodérément.