Alhambra

  • Encyclopédie moderne

Alhambra, vaste forteresse de Grenade, qui formait un des quatre quartiers de la ville, et servait de palais aux rois maures. Situé au sommet d’un coteau escarpé, enfermé dans une double enceinte d’épaisses murailles, environné de tous côtés par les eaux du Xenil et du Darro, l’Alhambra dut être imprenable, tant qu’il ne put être attaqué avec du canon. Cette forteresse, bâtie par Abou Abdallah-ben-Naser, surnommé Elgaleb Billah (vainqueur par la faveur de Dieu), qui régna de 1231 à 1273, reçut le nom de Medinat Alhamra ou ville rouge, à cause de la couleur des matériaux qui furent employés à sa construction. Selon une autre étymologie, ce mot Alhamra serait une corruption d’Alhamar, nom de la tribu arabe de laquelle était issu le prince qui entreprit cette immense construction. Commencé ainsi vers le milieu du treizième siècle, l’Alhambra ne fut entièrement achevé qu’en 1338, sous le règne d’Aboulhaggez : car les successeurs d’Elgaleb Billah n’épargnèrent ni le génie des architectes, ni les richesses de leur trésor pour augmenter et embellir son œuvre. Quand les Espagnols furent maîtres de Grenade, ils cherchèrent à y ajouter encore, et Charles-Quint fit élever sur les ruines de quelques parties de la forteresse un palais dont l’ensemble est imposant, mais dont l’architecture est peu en harmonie avec les restes du palais arabe.

A l’extérieur, le palais des rois maures offre l’aspect d’un vieux château ceint de tours et de bastions. La principale entrée est pratiquée dans une grosse tour carrée et s’appelait la Porte du jugement. On pénétrait par là dans une première cour, pavée en marbre blanc et entourée d’un portique ; puis dans une seconde, dite la Cour des Lions Celle-ci, qui forme un carré long, entouré d’une galerie soutenue par des colonnes de marbre blanc, est célèbre par les souvenirs qui se rattachent au massacre des Abencerrages. Son nom lui vient des douze lions de marbre qui ornent le bassin placé au milieu d’elle, et qui soutiennent une magnifique coupole d’albâtre. Les appartements sont vastes et multipliés, rafraîchis par des fontaines, et décorés avec une richesse, une délicatesse, qui font de cet édifice un des plus curieux monuments de l’art au moyen âge, et le plus admirable échantillon qui nous soit resté de l’architecture mauresque. Là pas une voûte qui ne soit découpée à jour ; pas une muraille où ne soient prodigués les caprices d’une merveilleuse ornementation. Partout le marbre, le stuc, le porphyre ; partout des peintures, des arabesques, des inscriptions ; partout une richesse d’imagination, une hardiesse et une délicatesse d’exécution, à faire croire que la pierre est devenue intelligente pour obéir à la main des ouvriers qui font ainsi brodée à jour.

Au-dessus de l’Alhambra est une maison de plaisance des rois maures, célèbre par sa belle position et ses magnifiques jardins. C’est le Xeniralife ou Généralife, autre merveille. — Au sommet de la montagne est une ancienne mosquée, devenue maintenant une église dédiée à sainte Hélène.