Aliénation mentale
- Médecine
- Falret
- Encyclopédie moderne
Aliénation mentale. Terme générique consacré par quelques auteurs célèbres pour exprimer le caractère commun de diverses espèces de maladies mentales.
L’encéphale, organe des facultés intellectuelles, est également l’organe des facultés affectives, des passions ; mais il y a une erreur généralement accréditée relativement à leur siège dans le système nerveux organique, erreur qui tend à perpétuer les idées les plus fausses sur le siège des maladies mentales et nerveuses.
Il faut savoir apprécier les analogies et les différences des affections mentales avec le délire des maladies aiguës, de l’ivresse et de l’empoisonnement.
L’influence de l’action immodérée du cerveau comme cause des maladies mentales, et celle des autres organes malades sur la production des mêmes affections, mérite d’être examinée.
Il y a des folies sympathiques, mais, dans la généralité des cas, la folie est une maladie idiopathique de l’encéphale. L’anatomie pathologique est d’un grand secours pour acquérir la connaissance des maladies mentales. En rapprochant les symptômes et les altérations pathologiques, on parvient à suivre, dans un grand nombre de cas, l’enchaînement des causes et des effets. En poussant un peu plus loin les inductions, on précise les signes auxquels on peut distinguer, pendant la vie, si une folie est due primitivement à la lésion des membres ou à la lésion de l’encéphale, ou bien encore à l’existence successive ou simultanée de ces deux lésions : résultat d’une utilité majeure, s’il peut être obtenu, et pour la justesse du pronostic et pour la juste appréciation de l’influence de l’hérédité, en même temps que cette connaissance rendrait les indications thérapeutiques beaucoup plus positives.
Est-il nécessaire de prévenir qu’en cherchant à rattacher les symptômes de la folie aux altérations que présentent les organes après la mort, on ne doit pas prétendre chercher à expliquer l’essence du délire ? Il faudrait, pour arriver à la solution de ce problème, connaître le mode d’action de l’encéphale pour l’accomplissement des hautes fonctions qui lui sont dévolues ; or l’essence de cette action est impénétrable comme l’essence de tout autre phénomène naturel. Mais, en n’attribuant pas le délire aux modifications organiques appréciables par les sens, n’est-ce point faire de l’aliénation mentale un être abstrait, existant par lui-même ; n’est-ce point faire un pas rétrograde, et admettre des maladies de l’âme, des affections mentales essentielles ? C’est s’exposer aux contradictions les plus absurdes, c’est supposer mille changements dans un être spirituel qui est immuable de sa nature, c’est reconnaître que les facultés intellectuelles et morales sont le produit exclusif de l’âme, et nier, en présence des faits les plus nombreux et les plus concluants, que l’encéphale est la condition physique indispensable pour leur manifestation.