Amazones
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Amazones. Peu de noms sont plus célèbres, dans l’antiquité, que celui des Amazones. Ces femmes guerrières, qui formaient un État gouverné par une reine, et qui ne souffraient aucun homme parmi elles, habitaient, disait-on, la partie de l’Asie Mineure baignée parle Thermodon. Elles pénètrent jusque dans l’Attique, ou elles sont vaincues par Thésée. Elles font une invasion en Phrygie avant le siège de Troie ; elles viennent ensuite au secours de cette ville assiégée par les Grecs. Plus tard, elles disparaissent peu à peu de la scène. Cependant on entend parler, au temps d’Alexandre, d’une Thalestris, reine des Amazones, mais elle semble n’avoir pas été une souveraine aussi puissante que Penthésilée, contemporaine de Priam.
On a, chez les modernes, disserté longuement et doctement sur l’existence réelle ou supposée des Amazones. Les avis ont été partagés, ce qui n’est pas surprenant, puisqu’ils l’avaient été même chez les anciens, plus rapprochés que nous des époques auxquelles on fait vivre ces héroïnes. Plutarque est peut-être l’auteur qui a le plus fréquemment cité les Amazones ; et, de même que Diodore, Justin et Quinte-Curce, il raconte la visite faite par Thalestris au roi de Macédoine lorsqu’il parcourait en vainqueur tes frontières du pays des Scythes. Mais Plutarque, en rapportant ce fait comme un ouï-dire, a soin de nommer tous les historiens qui l’admettaient comme vrai et ceux qui le rejetaient. Il ajoute qu’Onésicrite, un des premiers, lisant à Lysimaque, un des anciens généraux d’Alexandre, et, depuis sa mort, roi de Thrace, le passage où il était question de l’entrevue de l’Amazone et du fils de Philippe, Lysimaque lui dit en souriant : « Oh ! où étais-je donc en ce temps-là ? »
Arrien, un des historiens anciens les plus judicieux, parle d’Amazones envoyées par un satrape de Perse au vainqueur d’Arbelles, et de la promesse que fit ce prince d’aller rendre une visite à leur reine ; mais il ajoute que ni Aristobule, ni Ptolémée, dont il avait sous les yeux les mémoires relatifs aux campagnes d’Alexandre, ni aucun autre auteur digne de foi, ne rapportaient ce fait. Il en conclut qu’il n’existait plus d’Amazones à cette époque ; il observe de plus que Xénophon, qui vivait quelque temps auparavant, et qui avait traversé les pays où on les plaçait, n’en avait pas rencontré, et que cependant il avait soigneusement nommé tous les peuples chez lesquels il avait passé. Il pense donc que jamais il n’y a eu de nation d’Amazones ; toutefois il convient que tous les témoignages s’accordent sur les guerres soutenues par des héros et des guerriers illustres contré des femmes belliqueuses.
Hérodote est le plus ancien historien qui ait nommé les Amazones ; il les place dans le pays des Scythes, sur les bords du Tanaïs, où elles abordèrent après avoir été défaites par les Grecs sur le Thermodon ; elles finirent par y devenir les femmes des jeunes Scythes, et passèrent avec leurs maris sur l’autre rive du fleuve : de leur union provint la nation des Sauromates. « C’est, dit-il, par cette raison que les femmes des Sauromates vont à cheval et à la chasse, tantôt seules, tantôt avec leurs maris ; elles les accompagnent aussi à la guerre et s’habillent comme eux. »
Hippocrate parle des Scythes qui demeurent sur les côtes des Palus-Méotides, qui portent le nom de Sauromates, et dont les femmes, avant de se marier, font la guerre contre les ennemis de leur pays. Scylax de Cariandas dit également que les Sauromates sont un peuple des bords du Tanaïs, près de la mer ; qu’une de leurs tribus s’appelle Gynaïko-Kratoumené (dominée par les femmes), et que ceux-ci confinent avec les Méotides. Enfin Scymnus de Chio nous apprend que ces Méotides ont donné leur nom aux palus ou marais dont ils sont voisins, et qu’après les Méotides viennent les Sauromates. Pomponius Mela désigne aussi les Méotides comme une peuplade sauroniate chez laquelle on trouve des Amazones. Strabon dit qu’elles habitèrent jadis les montagnes situées au delà de l’Albanie, et que, selon Théophane, écrivain qui suivit Pompée dans ses campagnes, elles sont séparées des Albaniens par les Gèles et les Lèges, et que le Mermedalis, fleuve de ce pays, forme la limite entre elles et ces peuples. Strabon cite ensuite d’autres historiens qui sont d’une opinion différente, en ce qu’ils font les Amazones voisines des Gargarenses, habitant au bas du revers septentrional de ces monts caucasiens que l’on appelle plus particulièrement monts Cérauniens, Strabon décrit les occupations des Amazones, et avoue que les mémoires qui les concernent ont quelque chose de singulier, car tout y est étrange, tout y est incroyable. « C’est, observe-t-il, après avoir raconté tous les faits qu’on leur attribue, comme si l’on disait qu’au temps où l’on vit de tels événements, les hommes étaient des femmes, et les femmes étaient des hommes. Voilà néanmoins ce qu’encore de nos jours l’on répète au sujet des Amazones. » Et il continue en disant que, « quant au pays qu’elles habitaient de son temps, ceux qui en parlaient n’apportaient pas de preuves à l’appui de leurs assertions. »
Pallas, en décrivant les mœurs des Tcherkesses, qui vivent au pied septentrional du Caucase, observe que le singulier usage des nobles de cette nation de vivre toujours séparés de leurs femmes, et de confier l’éducation de leurs enfants à des étrangers ressemble beaucoup à ce que raconte Strabon des Gargarenses avec les Amazones, et que ce qu’il en dit ne saurait s’appliquer à aucun des peuples montagnards du Caucase, aussi bien qu’aux Tcherkesses. Il cherche ensuite à donner plus de vraisemblance à ce rapprochement.