Amplification

  • Littérature
  • S. A. Choler
  • Encyclopédie moderne

Amplification. L’amplification, qui consiste à étendre et à développer le sujet que l’on traite, a été fort diversement jugée. Les uns en ont fait une qualité, les autres un défaut. Isocrate l’a définie : « une manière de s’exprimer qui agrandit les objets ou qui les diminue, une forme qu’on donne à son discours, et qui sert à faire paraître les choses plus grandes ou moindres qu’elles ne sont en effet. » Cicéron et Quintilien ont maintenu et confirmé cette définition. Voilà pour l’éloge. Mais quelques rhéteurs ont prétendu que l’amplification appartient plutôt au déclamateur et au sophiste qu’au véritable orateur, et ils ont ainsi formulé leur opinion : « Quand on dit tout ce qu’on doit dire, on n’amplifie pas, et quand on l’a dit, si on amplifie, on dit trop. » Voilà pour le blâme. Examinons maintenant à laquelle de ces deux assertions les résultats qu’a amenés l’usage de l’amplification donneront gain de cause. Malgré notre propension à désapprouver une forme de discours qui n’est souvent qu’un allongement inutile, et un moyen commode de mettre des mots à la place des idées, nous devons avouer que la plupart des poètes et des orateurs, dont une longue admiration a consacré les exemples, ont fait grand usage de cette méthode. Isocrate et Cicéron, Homère et Virgile, l’Arioste et le Tasse ne s’en sont pas fait faute ; et l’accès qu’ils lui ont donné, combat pour elle. Mais que d’exemples moins illustres agissent dans un autre sens sur la conviction des juges ! Que de plats orateurs, que d’insignifiants écrivains, que de poètes sans poésie condamnent l’amplification par l’usage qu’ils en ont fait ! Voyez les vers ampoulés de J. B. Rousseau ; voyez la prose académique de Thomas ; voyez, l’éloquence enflée et vide qui étale de notre temps, à la barre des tribunaux et en face des bancs législatifs, ses phrases creuses et ses développements sans portée ; défauts que nous remarquons d’autant plus que les qualités contraires ne nous sont pas inconnues, et qu’à notre époque, la véritable éloquence a aussi ses orateurs.