Anabaptistes

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Anabaptistes. Les anabaptistes sont des religionnaires qui parurent à l’époque où le moine allemand Luther prêcha la réforme, et détacha du saint-siège une portion considérable de l’Europe. Leur nom, tiré du grec, signifie rebaptiseurs ; la rebaptisation était leur dogme fondamental. Ils ont fourni un grand nombre de sectes, qu’Ottius, un de leurs historiens, élève à soixante-dix-sept.

En 1521, deux enthousiastes remuants, Thomas Muntzer ou Munser, prêtre catholique de Zwickau, où il en avait exercé les fonctions, et Nicolas Stork, homme du peuple, ignorant et grossier, prétendirent trouver dans l’Évangile que l’instruction devait précéder le baptême. Au dogme de l’inutilité de ce sacrement pour les enfants, et de la nécessité de rebaptiser les adultes, ils mêlèrent une doctrine antisociale que leur fanatisme éleva contre toute espèce d’autorité reconnue. Luther, effrayé de l’influence dont elle menaçait le dessein qu’il avait conçu, écrivit contre eux. Ils s’étayaient, en effet, de son ouvrage De libertate christiana. Déjà aux prises avec les magistrats, ils levèrent l’étendard de la révolte contre eux et contre Luther. Muntzer se proclama le nouveau Gédéon, appelé à établir le royaume de Jésus-Christ. Trente mille fanatiques de la Souabe, de la Thuringe et de la Franconie, prirent à sa voix les armes contre le clergé et les seigneurs. Une victoire sanglante, arrachée à ces rebaptisés par les troupes de Jean, électeur de Saxe, Philippe, landgrave de Hesse, et Henri, duc de Brunswick, arrêta ce torrent. Muntzer fut pris à Franknau, et décapité à Mulhausen, après avoir déclaré que ses soldats l’avaient entraîné à des excès étrangers à ses intentions. Nicolas Stork, échappé au supplice, mourut peu après de ses blessures dans un hôpital de la Bavière.

Muntzer accusait Luther de manquer d’enthousiasme. Selon lui, les saintes Écritures n’étaient la parole de Dieu qu’autant que la chaleur de l’âme en fixait le sens. « Prophétisez, écrit-il à Mélanchton, autrement votre théologie ne vaudrait pas une obole ; voyez votre Dieu de près et non de loin. » Il eut des disciples distingués, Stubner, André Carlostade, Martin Cellarius, Jean Deuck ; mais ils n’imitèrent pas ses fureurs : ces deux derniers même abjurèrent la religion de leur maître. Hubméier, pasteur de Walsusth, qui marchait de trop près sur ses traces, emprisonné à Zurich, converti par Zwingle, rendu à la liberté, fut arrêté en Moravie, et brûlé à Vienne, où sa femme fut noyée. Félix Mansius, traité d’abord comme lui, fut noyé à Zurich pour avoir repris ses prédications. Louis Helzer, précurseur des sociniens, périt en 1529 à Constance, du supplice du feu, que subit comme lui George Jacobi, prêtre catholique, surnommé Blanwrock, à cause de ses habits bleus. Cependant Antoine Kursner, Jacob Cantius, Jean Trypmaaker, prêchaient en Allemagne ; Jacques Hutter, Gabriel Scherding, en Moravie ; Michel Hoffmann mourait dans les prisons de Strasbourg : de pelletier il était devenu théologien et pasteur à Kiel. Après avoir essayé de reproduire les sanglantes folies de l’anabaptisme, il s’était rendu dans cette ville sur la foi d’une prophétie qui, le désignant comme un nouvel Élie, lui promettait cent quarante quatre mille collaborateurs pour la propagation de sa doctrine.