Anjou

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Anjou. Subjugués par César, vers l’an 57 avant Jésus-Christ, les Andegavi voulurent se soustraire à la domination romaine, presque aussitôt qu’elle leur eut été imposée. A la voix de ses chefs, la population prit les armes, entra en Campagne, vint mettre le siège devant la cité des Pictes (Poitiers), et fut obligée de le lever pour rentrer dans les limites de son territoire. Fabius, lieutenant de César dans la partie occidentale de la Gaule, se mit à la poursuite des insurgés pendant leur retraite, les atteignit au passage de la Loire, et défit entièrement leur armée. Depuis ce temps jusqu’au règne d’Honorius, et même quarante ans encore après, l’Anjou fut en paix sous le sceptre des empereurs ; mais les choses changèrent vers le milieu du cinquième siècle. Excités par les intrigues du patrice Rikimer, les Wisigoths, qui avaient prêté aux Romains un secours si efficace contre l’invasion d’Attila, envahirent, de concert avec les Alains de l’Orléanais, une partie de cette province, tandis que les pirates saxons, sous la conduite d’Andowaker (Odoacre), remontaient la Loire sur leurs barques, et mettaient au pillage toutes les campagnes riveraines. Ægidius, maître de la milice romaine sous l’empereur Majorien, hors d’état de défendre, avec les seules forces dont il disposait, l’Anjou contre ce double débordement, appela à son aide les Armoricains, les Francs-Ripuaires, auxquels il abandonna la ville de Cologne ; il les unit aux Gallo-Romains placés sous son commandement, et à la tête des uns et des autres, marcha au-devant de l’ennemi. Il le rencontra sous les murs d’Orléans, le battit et força les deux nations coalisées de rentrer, après avoir subi une forte perte, dans leurs cantonnements respectifs. Cette victoire fut un grand bonheur pour la province envahie, mais elle ne la préserva que d’un des deux malheurs qui la menaçaient. Tandis que le général romain allait défaire les Alains et les Wisigoths dans la province voisine, les Saxons mettaient pied à terre, pillaient Angers ainsi que le pays dont il était le chef-lieu, et s’en retournaient, chargés d’un riche butin, sur les barques qui les avaient amenés.

La mort d’Ægidius, arrivée en 464, fut le signal du retour des pirates. Leurs flottilles rentrèrent dans le lit de la Loire, assaillirent de nouveau la ville d’Angers et les lieux qui l’environnaient, les forcèrent de se racheter par une forte rançon, et descendirent une seconde fois la Loire, en emmenant avec eux des otages pour la sûreté du payement des sommes qu’on n’avait pas pu leur compter à l’instant même.

Les Angevins dégagèrent leurs otages en acquittant leur rançon, et respirèrent un moment. Entre les années 470 et 473, ils virent, flottant dans les airs, et marchant contre eux, les bannières d’un nouvel ennemi. Hilperik, chef des Francs-Saliens, arrivait avec ses bandes, pour soumettre le pays à sa domination. Il s’empara d’Angers, ainsi que des cantons qui en composaient la cité, après avoir tué de sa main le comte Paul, successeur d’Ægidius, qui les avait défendus vainement ; cette partie de la Gaule fut, dès ce moment, entièrement perdue pour les Romains. Le vainqueur la réunit à ses autres conquêtes, avec lesquelles elle demeura incorporée.

Sous la seconde race de nos rois, l’Anjou fut divisé en deux comtés séparés par la Mayenne : l’un à gauche, et relativement à Paris, en deçà de cette rivière, avait Angers pour capitale ; l’autre à droite, et au delà, avait Châteauneuf pour chef-lieu. Celui-ci, que l’on nommait aussi la Marche angevine, fut donné, l’an 850, par Charles le Chauve, à Robert le Fort, pour le défendre contre les Bretons et les Normands. Robert ayant été tué dans un combat livré à Bisserte, en 866, contre ces derniers, son fils Eudes lui succéda dans ce département, ainsi que dans le duché de France dont il faisait partie, puis il parvint au trône en 888. Quant à la portion située en deçà de la Mayenne, et formant le comté d’Anjou, elle resta unie au domaine de la couronne, et fut administrée par des comtes, qui ne tardèrent pas à la rendre héréditaire dans leur maison.