Anjou

  • Lainé
  • Encyclopédie de famille

Anjou, ancienne province de France, composant en grande partie les départements de Maine-et-Loire et de la Sarthe, avait pour bornes au nord le Maine, à l’est la Touraine, au sud-est le Saumurais, au sud le Poitou, et à l’ouest la Bretagne. Angers était la capitale de cette province.

Du temps de César l’Anjou était habité par les Andes ou Andegavi, qui ont donné leur nom à cette province. À peine ce conquérant les eut-il soumis qu’ils tentèrent de secouer le joug des Romains. Mais, ayant échoué dans le siège de Poitiers, leur armée fut détruite au passage de la Loire par Fabius, lieutenant de César. Lors de l’irruption des barbares daçs les provinces de l’empire sous, Honorius, l’Anjou faisait partie de la 3e Lyonnaise. Les Visigoths et ensuite les Francs s’établirent dans une partie de ce pays. Ægidius, chef de la milice romaine dans les Gaules, appela à son secours Odoacre, roi des Saxons, auquel le comte Paul, successeur d’Ægidius, céda les îles de la Loire ainsi que la ville d’Angers, pour gage de sa fidélité et de ses services. Odoacre y fit cantonner son armée ; mais ce fut pour peu de temps, car Childéric, à la tête des Francs, tailla en pièces les Romains et les Saxons, tua de sa propre main le comte Paul, et s’empara de l’Anjou.

Sous les Carlovingiens, cette province fut divisée en deux comtés. Le comté d’Outre-Maine, ou la marche Angevine, situé au delà de la rivière de Maine ou Mayenne, avait Châteauneuf pour capitale ; Angers était celle de l’autre comté d’Anjou, formé du territoire en deçà de la même rivière. En 850, le roi Charles le Chauve donna le comté d’Outre-Maine à Robert le Fort, pour le défendre contre les Bretons et les Normands. Tué par ces barbares à Brisserte, en 866, Robert eut pour successeur dans ce comté et dans le duché de France, Eudes, son fils, qui parvint ensuite à la couronne.

Ingelger, fils de Tertulle, sénéchal du Gâtinais, et petit-fils de Torquat, paysan qui vivait de la chasse et de fruits sauvages, reçut du roi Charles le Chauve, vers l’an 870, l’investiture du comté d’Anjou d’en deçà de la Mayenne. Adèle, comtesse de Gâtinais, que le roi Louis le Bègue lui fit épouser en 878, acheva d’élever ce fondateur d’une race nouvelle au niveau des princes les plus puissants de France. Les descendants d’Ingelger se montrèrent dignes de la fortune que leur avait léguée leur père. Foulques Ier, son fils et son successeur en 888, réunit en un seul gouvernement les deux comtés d’Anjou. Foulques II, son fils,. comte d’Anjou en 938, devait être un prince bien téméraire ou bien puissant, si, comme on l’assure, en répondant à une raillerie du roi Louis d’Outremer, il osa lui dire : qu’un roi illettré était un âne couronné. Geoffroi Ier, son fils, comte d’Anjou en 959, surnommé Grisegonelle, de la couleur de sa tunique, secourut Lothaire contre Othon, roi de Germanie, qui menaçait Paris. En récompense de ses services, Grisegonelle reçut du roi Lothaire l’inféodation au comté d’Anjou, pour lui et ses successeurs, de la charge de sénéchal de France, alors la première dignité militaire de la couronne. En 980 le comte d’Anjou battit Conan le Tort, comte de Rennes, et il conquit la ville et le territoire de Loudun sur Guillaume Fier à Bras, comte de Poitiers, en 985.

Foulques III, surnommé Nerra ou le Noir, prince qui ternit la plus rare valeur par la violence et la fourberie, succéda à Geoffroi Ier, son père, en 987. Il fut heureux dans toutes ses guerres contre ses voisins. Sa puissance était si redoutable que le roi Robert n’osa pas tirer vengeance du meurtre de Hugues de Beauvais, son favori, que Foulques avait fait poignarder à la chasse, sous les yeux mêmes du monarque. Les abbayes de Beaulieu, de Saint-Nicolas et du Roncerai d’Angers, durent leur fondation aux remords de ce rince. Les fréquents pèlerinages qu’il fit la Terre Sainte pour les apaiser lui ont fait donner le surnon de Hiérosolymitain. Au retour de son dernier voyage, il mourut à Metz, le 21 juin 1040, laissant ses États à Geoffroi II, surnommé Martel, son fils. Celui-ci les accrut de la ville de Tours et d’une partie de la Touraine, que lui donna Henri Ier, roi de France. Mais une révolte contre ce prince lui coûta les villes d’Alençon et de Domfront. La erre opiniâtre qu’il fit ensuite à Thiut, comte de Blois, eut plus de succès, sans qu’il en tirât de grands avantages. Ce comte, qui fut le dernier.de la race d’Ingelger, finit ses jours en l’abbaye de Saint-Nicolas d’Angers, le 14 novembre 1060.

Ermengarde d’Anjou, fille de Foulques Nerra, avait été mariée à Geoffroi Ferréol, comte de Château-Landon ou du Gâtinais. Elle en eut deux fils, Geoffroi III et Foulques IV le Richain, à qui le partage des États du comte Geoffroi Martel, leur oncle, mit les armes à la main l’un contre l’autre, jusqu’à ce que Foulques le Richain eut dépouillé entièrement son frère. Le comte d’Anjou déclara la guerre, en 1103, à Geoffroi IV, son propre fils, issu d’un premier mariage avec Ermengarde de Bourbon-l’Archambaud, qu’il voulait priver de ses avantages au profit de Foulques V, issu de Bertrade de Montfort. Le succès ne couronna pas cette iniquité. Les triomphes de Geoffroi le réconcilièrent avec son père, qui perdit en lui son plus ferme appui, lorsqu’il fut tué au siège de Condé en 1106. Foulques V, dit le Jeune, comte d’Anjou en 1109, s’illustra par la bataille rangée qu’il gagna sous les murs d’Alençon, en 1118, contre le roi d’Angleterre et les comtes de Blois. Ce comte déploya une grande magnificence dans un voyage qu’il fit à la Terre Sainte en 1120. Plus tard, il contribua à chasser les Impériaux de la Champagne, et commanda l’avant-garde de l’armée française dans l’expédition de Louis le Gros en Auvergne. En 1129 il passa en Terre Sainte, où, veuf d’Eremberge, comtesse du Maine, il épousa en secondes noces Mélissende, fille aînée de Baudouin II, roi de Jérusalem, et fut créé comte dePtolémaïde et de Tyr. Deux ans après il succéda à son beau-père sur le trône de Jérusalem, régna jusqu’en 1144 avec gloire, et laissa ce trône à ses fils issus du second lit, Baudouin III et Amaury. Le premier mourut sans enfants en 1162. Amaury laissa le trône à son fils Baudouin IV ; la lèpre emporta ce prince en 1186. Baudouin de Monferrat, fils de Sibylle d’Anfjou, sœur de Baudouin IV, lui succéda sur ]e trône de Jérusalem.

Geoffroi V, dit Plantagenet (parce qu’il ornait son casque d’un genêt), surnom que sa race a immortalisé dans l’histoire, fils ainé de Foulques V et d’Eremberge du Maine, succéda à son père dans le comté d’Anjou, en 1128. Comme mari de Mathilde d’Angleterre, fille du roi Henri Ier, il se porta pour héritier de ce monarque en 1135. Mais, prévenu par Étienne, comte de Boulogne, qui se fit reconnaître roi d’Angleterre, et par Thibaut, comte de Blois, que la Normandie appela pour la gouverner, il se vit forcé de recourir aux armes pour conquérir son héritage. À sa mort, en 1151, il était possesseur de cette province. La couronne d’Angleterre revint à Henri II, son fils, qui se fit couronner à Westminster le 19 décembre 1154. La postérité de celui-ci a régné 331 ans, et a donné quatorze rois à l’Angleterre.

Le comté d’Anjou resta attaché à la couronne d’Angleterre, sauf l’hommage dû aux rois de France, jusqu’en 1246, où Louis IX en investit son frère Charles, comte de Provence, qui fut ensuite roi de Naples. L’aînée des filles de Charles II, roi de Naples, fils de Charles Ier, nommée Marguerite, porta en dot, en 1290, les comtés d’Anjou et du Maine à Charles, comte de Valois, fils puîné du roi Philippe le Hardi. Ces provinces passèrent au roi Philippe de Valois, issu de leur mariage, puis au roi Jean, qui en 1356 en investit Louis, son second fils, avec titre de duché-pairie. Régent du royaume pendant la minorité du roi Charles VI, son neveu, il racheta, par d’éminents services rendus à la France durant la guerre contre les Anglais, le juste reproche qu’on lui avait fâit d’avoir épuisé le trésor pour se mettre en état de prendre possession du royaume de Naples, que la reine Jeanne Ire lui avait transmis en l’adoptant pour son héritier. Louis d’Anjou mourut de chagrin a Biseglia, près de Bari, le 20 septembre 1384. Louis II, son fils, lui succéda dans le duché d’Anjou et les comtés du Maine et de Provence. Après plusieurs expéditions en Italie, il mourut à Angers le 29 avril 1417. Louis III, son fils aîné, mourut à Cosenza, le 15 novembre 1434, au moment de voir réussir ses desseins. Son frère, René d’Anjou, surnommé le bon roi René, lui succéda dans ses États et dans ses droits au trône de Sicile. Ce prince, né en 1409, après avoir perdu Naples et l’Aragon, fut encore dèpouillé de son duché d’Anjou par le roi Louis XI. Il mourut à Aix, le 10 juillet 1480. René laissait, outre Nicolas, duc de Lorraine, Yolande d’Anjou, mariée à Ferri II de Lorraine, comte de Vaudemont, et Marguerite d’Anjou, femme de Henri VI, roi d’Angleterre. Cette seconde maison d’Anjou s’éteignit en 1481, dans la personne de Charles d’Anjou, roi titulaire de Naples, de Sicile et de Jérusalem, comte du Maine, fils de Charles d’Anjou, comte du Maine, frère du roi René.

Dès l’année 1474 le roi Louis XI s’était en quelque sorte saisi du duché d’Anjou, en mettant garnison dans la capitale. Il le réunit définitivement à la couronne en 1480, malgré les réclamations du duc de Lorraine. Depuis cette époque l’Anjou ne fut plus qu’un titre d’apanage réservé aux fils puînés de nos rois. Les quatre fils du roi Henri II ont porté successivement ce titre, ainsi que deux fils de Louis XIV, morts jeunes. Philippe V, roi d’Espagne, et Louis XV étaient titrés ducs d’Anjou avant leur avènement au trône. Le second fils de Louis XV, mort en bas âge en 1733, porta encore ce titre.