Arche d’alliance

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Arche d’alliance. L’un des objets sacrés que Moïse, au rapport de l’Écriture, fit construire dans le désert, d’après l’ordre qu’il en avait reçu de Dieu, sur le mont Sinaï. Sa forme était celle d’un coffre ; elle avait 5 palmes de longueur, 3 de hauteur, et autant de largeur ; elle était faite d’un bois incorruptible, nommé héoron par les Hébreux ; ce bois était entièrement revêtu de lames d’or. La couverture de l’arche était appelée propitiatoire ou oracle ; elle était surmontée de deux chérubins étendant leurs ailes l’un vers l’autre, et tels que Moïse disait les avoir vus près du trône de l’Éternel. Aux deux côtés de la longueur de l’arche étaient de gros anneaux d’or, dans lesquels on passait des bâtons recouverts de même métal qui servaient à la transporter au besoin ; ce qui était une tâche réservée aux lévites et aux sacrificateurs. Moïse enferma dans cette arche les deux tables de la loi, et la plaça elle-même dans le sanctuaire du tabernacle.

En l’an 2918, elle tomba au pouvoir des Philistins ; mais ces peuples, ayant attribué à la présence de l’arche parmi eux les terribles fléaux dont ils furent frappés dans le même temps, la renvoyèrent aux Israélites.

David , après avoir vaincu les Philistins et les Jébuséens, la fit transporter à Jérusalem, et la plaça sous un tabernacle qu’il avait fait élever pour cet effet. Après lui, Salomon la fit mettre dans le temple, dont la construction lui avait été réservée.

L’arche demeura dans ce lieu, sans interruption, jusqu’au temps des derniers rois de Juda, époque où les prêtres l’en tirèrent pour la soustraire aux profanations de ces princes idolâtres : elle fut alors portée de lieu en lieu ; mais, sous le règne de Josias, elle fut rétablie dans le sanctuaire du temple, d’où ce roi fit défense expresse de la déplacer de nouveau.

Vers le temps de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, on voit l’arche disparaître tout à coup, et cesser de figurer dans l’histoire des Juifs. On n’est pas d’accord sur ce qu’elle devint à cette époque : les talmudistes prétendent qu’elle fut cachée par Josias dans un lieu souterrain que Salomon avait fait préparer dans ce but, par suite de révélation divine ; d’autres assurent qu’elle fut prise par Nabuchodonosor, et portée à Babylone. On trouve dans le quatrième livre d’Esdras qu’elle tomba au pouvoir des Chaldéens dans le pillage du temple ; mais l’opinion la plus commune est qu’elle fut cachée par Jérémie dans une caverne inconnue que Dieu lui indiqua sur le mont Nébo, et que, selon la prédiction de ce prophète, elle devra demeurer en ce lieu jusqu’à ce qu’il ait plu au Seigneur de rassembler son peuple dispersé, et de se réconcilier avec lui. Quelques auteurs ont prétendu que l’arche avait été retrouvée au retour de la captivité, et placée dans le nouveau temple : cette version est généralement rejetée. Les Juifs se flattent qu’elle reparaîtra avec le Messie qu’ils attendent. (Sur toutes ces questions, voyez la dissertation qui se trouve dans le tome XII de la Bible d’Avignon, page 523.)

L’arche d’alliance était l’objet principal du culte et de la vénération du peuple hébreu, qui lui attribuait les plus grandes vertus. C’est toujours accompagnée de prodiges qu’on la voit figurer dans l’Écriture : à son approche, le Jourdain suspend son cours, l’idole des Philistins est renversée ; ces peuples eux-mêmes, accablés de mille maux par la présence de l’arche, monument de leur triomphe, sont bientôt forcés de lui rendre un culte expiatoire, et de la renvoyer aux Israélites ; le lévite Oza, malgré la pureté de ses intentions, est frappé de mort à l’instant même où il porte la main sur cet objet sacré ; c’est encore par des signes miraculeux que l’arche se manifeste à son entrée dans le temple ; enfin, jusqu’au mystère de sa disparition, tout porte en elle le caractère du prodige.

En mémoire de l’arche d’alliance, les Juifs modernes ont encore dans leurs synagogues une espèce d’arche qu’ils nomment aron, dans laquelle ils conservent les cinq livres de Moïse, écrits sur vélin, avec une encre particulière.