Farfadets

  • Dictionnaire infernal

Farfadets, esprits, lutins ou démons familiers, que les personnes simples croient voir ou entendre la nuit. Quelques-uns se montrent sous des figures d’animaux ; le plus grand nombre restent invisibles. Ils passent généralement pour rendre de bons offices. Des voyageurs content que les Indes sont pleines de ces esprits bons ou mauvais, et qu’ils ont un commerce habituel avec les hommes du pays.

Voici l’histoire d’un farfadet : En l’année 1221, vers le temps des vendanges, le frère cuisinier d’un monastère de Cîteaux chargea deux serviteurs de garder les vignes pendant la nuit. Un soir, l’un de ces deux hommes, ayant grande envie de dormir, appela le diable à haute voix et promit de le bien payer s’il voulait garder la vigne à sa place. Il achevait à peine ces mots, qu’un farfadet parut. – Me voici prêt, dit-il à celui qui l’avait demandé. Que me donneras-tu si je remplis ta charge ? – Je te donnerai un panier de raisin, répondit le serviteur, et du bon, à condition que tu veilleras jusqu’au matin. – Le farfadet accepta l’offre ; et le domestique rentra à la maison pour s’y reposer. Le frère cuisinier, qui était encore debout, lui demanda pourquoi il avait quitté la vigne ? – Mon compagnon la garde, répondit-il, et il la gardera bien. – Va, va, reprit le cuisinier, qui n’en savait pas davantage, ton compagnon peut avoir besoin de toi. – Le valet n’osa répliquer et sortit ; mais il se garda bien de paraître dans la vigne. Il appela l’autre valet, lui conta le procédé dont il s’était avisé ; et tous deux, se reposant sur la bonne garde du lutin, entrèrent dans une petite grotte qui était près de là et s’y endormirent. Les choses se passèrent aussi bien qu’on pouvait l’espérer ; le farfadet fut fidèle à son poste jusqu’au matin, et on lui donna le panier de raisin promis. – Ainsi finit le conte[1]. (Voyez : Berbiguier, Bérith, Esprits, Feux follets, Hecdekin, Orthon, etc).

1.

Cæsarius Heisterbacheensis ill. miracul., lib. V.