Abondance

  • Encyclopédie de famille

Abondance, ample possession de ce dont on a besoin. L’abondance diffère de la richesse, en ce que celle-ci emporte l’idée de luxe, de superflu, tandis que l’abondance se rapporte plutôt à l’utile, au nécessaire. L’abondance s’entend particulièrement de la jouissance pleine et entière des objets nécessaires à la vie, et spécialement des subsistances. C’est ainsi qu’en parlant d’une récolte, d’un marché, on dit qu’il y a eu abondance.

L’abondance est certainement une source de bonheur pour un État ; c’est à la faire régner constamment que doit s’appliquer un bon gouvernement. L’économie politique a pour but de lui en indiquer les moyens. On peut dire que l’abondance règne là où les subsistances affluent et où les salaires permettent d’atteindre sans trop de peine aux prix des denrées.

Les anciens représentaient l’Abondance sous la figure d’une belle femme, couronnée de fleurs et ayant dans sa main droite une corne remplie de fleurs et de fruits, et connue sous le nom de corne d’abondance.

« Dans le style il y a, dit Marmontel, une abondance qui en fait la richesse : c’est une affluence de mots et de tours pour exprimer les nuances des idées, des sentiments et des images. Il y a aussi une abondance vaine, qui ne fait que déguiser la stérilité de l’esprit et la disette des pensées par l’ostentation des paroles. » Chapelain emploie à décrire les charmes et la parure d’Agnès Sorel quarante vers dans le goût de ceux-ci :

On voit hors des deux bouts de ses deux courtes manches
Sortir à découvert deux mains longues et blanches,
Dont les doigts inégaux, mais tous ronds et menus,
Imitent l’embonpoint des bras longs et charnus.

N’est-ce pas le cas de s’écrier avec Boileau :

Souvent trop d’abondance appauvrit la matière.

L’Art poétique dit encore :

Fuyez de ces auteurs l’abondance stérile,
Et ne vous chargez point d’un détail inutile.