Agiotage

Agiotage. On désignait autrefois par ce mot tout ce qui concernait le trafic des espèces métalliques ou des effets de commerce, l’agio, trafic qui constitue aujourd’hui la profession de banquier. Ce terme, détourné de son sens primitif, désigne maintenant la spéculation sur les actions, effets publics, etc. C’est à l’époque du fameux système de Law que l’agiotage prit en France pour la première fois un développement scandaleux. Il en fut de même pendant les orages de la révolution française. Agioter, c’est vendre ou acheter des rentes, des actions, sans avoir ces valeurs ni sans vouloir en acquérir ; c’est spéculer sur les différences qui peuvent avoir lieu dans le prix de ces valeurs à des époques différentes. C’est encore spéculer sur des titres d’une valeur peu sûre, mais bien lancés. On comprend pourquoi l’agiotage est voué à la réprobation publique, c’est que par lui il n’y a pas de production, pas d accroissement réel de produits ; il n’y a qu’un déplacement de valeurs, enrichissement de l’un par la ruine de l’autre. Les négociations sérieuses font trop souvent place à la bourse à des ventes ou achats fictifs, que l’on connaît sous le nom de marchés à terme et de marchés à primes.

L’agiotage ne s’exerce pas seulement sur les valeurs publiques, mobilières ou industrielles, mais aussi sur les objets de production réelle, les vins, les eaux-de-vie, le blé, les huiles, les cafés, les cotons, etc. Dans ces marchés on s’engage d’uue part à livrer, d’autre part à recevoir telle quantité d’une marchandise à certaine époque moyennant un prix convenu. Non que l’on veuille vendre ou acheter réellement ; c’est encore un pari de la nature de celui qui se fait sur les rentes. Au terme marqué, le marché se résout par le payement de la différence entre le cours au jour de l’échéance et le prix convenu.

Ces opérations sont une source de désordres, une cause de ruines que la loi flétrit ; mais en voulant les empêcher, elle serait exposée a interdire une foule d’opérations sérieuses et utiles. L’agioteur prend tous les moyens pour être au courant des nouvelles ; il spécule même quelquefois sur les malheurs du pays. S’il a es accointances auprès des hommes politiques, il peut jouer à coup sûr ; avec de grosses sommes, il est maître de la place.