Alcali

  • Encyclopédie de famille

Alcali. Ce mot a d’abord été employé pour désigner une plante marine, la salsola soda, qui fournit la soude par son incinération et le lessivage de ses cendres. Ce nom resta commun à la soude et à la potasse, que Ton regarda comme des corps identiques jusqu’à ce que Margraff les séparât en 1736. Ce savant chimiste appela la potasse alcali fixe végétal, parce qu’on la retirait des cendres des végétaux ; et il appela la soude alcali fixe minéral, parce qu elle existe dans le sel gemme. Le nom d’alcali fut ensuite donne à l’ammoniaque, qui présente quelque analogie avec la soude et la potasse. Le nom d’alcalis aérés équivalait dans l’ancienne chimie à celui d’alcalis carbonatés. Maintenant le nom d’alcali s’applique à tout corps composé capable de verdir les couleurs bleues végétales, de ramener au bleu les mêmes couleurs rougies par des acides, et de saturer les acides, avec ou sans effervescence, en formant des sels solubles. On distingue deux classes d’alcalis, les inorganiques ou minéraux, et les organiques ou végétaux et animaux. Ces derniers sont appeles alcaloïdes, parce qu’ils manquent de quelques-unes des propriétés des alcalis. Les alcalis minéraux étaient autrefois réputés des corps simples ; on les divisait en trois classes, en alcalis proprement dits, en terres alcalines, et en terres. Cette division a été conservée par Berzelius. Les alcalis proprement dits sont au nombre de quatre : la potasse, la soude, la lithine et l’ammoniaque. Cette dernière est appelée aussi alcali volatil, par opposition avec les trois autres, qu’on nomme alcalis fixes. Les terres alcalines, aussi au nombre de quatre : la baryte, la strontiane, la chaux et la magnésie, diffèrent des alcalis par leur peu de solubilité dans l’eau lorsqu’elles sont pures et par l’insolubilité de leurs carbonates neutres. Les terres sont au nombre de cinq : l’alumine, la glucyne, l’yttria, la zircone et la thorine. Autrefois on rangeait encore dans cette classe la silice, qu’on regarde aujourd’hui comme un acide.

Les alcalis et les terres alcalines se distinguent des autres bases salifiables par différents caractères ; ils ont une saveur particulière, appelée lexivielle, et la propriété plus ou moins prononcée de dissoudre et de détruire les matières animales, propriété dont ils ne jouissent qu’à l’état de pureté, état dans lequel on les désigne par l’épithète de caustiques : ils forment alors des poisons violents, dont les antidotes sont les acides étendus, notamment l’eau vinaigrée. Ils verdissent diverses couleurs végétales bleues et rouges, comme, par exemple, le principe colorant de la violette, du chou rouge, de la rose rouge, etc. ; ils font passer différentes couleurs rouges au bleu, comme le tournesol et le fernambouc rougis par les acides ; et brunissent certaines couleurs jaunes, telles que le curcuma, la rhubarbe, le bois du Brésil. Cette propriété prend le nom de réaction alcaline. La plupart des alcalis inorganiques s’unissent avec les corps gras pour former des savons.

Les alcalis végétaux et animaux ou organiques n’ont été découverts que dans ces dernières années, et n’ont de commun avec les alcalis minéraux que la propriété de saturer les acides et de former des sels. Leur goût est généralement amer ; ils paraissent renfermer le principe actif des plantes dont on les tire : on en connaît un grand nombre.