Alexandrie

Alexandrie (Alessandria della Paglia, Alexandrie de la Paille). Cette ville, qui s’appela d’abord Césarée, est située dans une contrée marécageuse, au confluent du Tanaro et de la Bormida. C’est une place forte, chef-lieu de la province du Piémont. Elle fut fondée en 1178 par les habitants de Crémone et de Milan, autant pour leur servir de boulevard contre l’empereur Frédéric I^er Barberousse qu’en mémoire des succès que la ligue Lombarde avait déjà remportés sur lui. À peine la ville était-elle construite que Barberousse vint l’assiéger : elle repoussa l’ennemi ; mais on y vit aussitôt eclater des dissensions intérieures. Elle prit le nom d’Alexandrie, en l’honneur du pape Alexandre III, qui y avait établi le siège d’un évêché. Cette ville a été souvent l’objet des luttes les plus sanglantes. Vers la fin du treizième siècle, le marquis de Montferrat et Matthieu de Visconti, seigneur de Milan, s’en disputèrent la possession ; elle finit par rester au pouvoir des Visconti, et fut annexée au duché de Milan. En 1522, Alexandrie fut prise d’assaut et livrée au pillage par le duc de Sforza ; en 1657 les Français, commandés par le prince de Conti, l’assiégèrent inutilement ; en 1707 le prince Eugène s’en rendit maître après un siège long et meurtrier. Plus tard l’empereur Joseph I^er abandonna cette place au duc de Savoie. Elle passa sous la domination française en 1796. La France la perdit ; mais le 16 juin 1800, après la bataille de Marengo, le général Mêlas y conclut avec Bonaparte un armistice par lequel il lui livra l’Italie supérieure jusqu’au Mincio. En 1802 elle devint le chef-lieu du département de Marengo. En 1814 elle retourna à la Sardaigne. Aujourd’hui Alexandrie est une ville de 56,545 habitants. Ses fortifications se composent d’une enceinte bastionnée, d’une citadelle garnie de défenses extérieures, et d’une tête de pont sur la rive droite de la Bormida. La citadelle, bâtie en 1728 par Victor-Amédée II, est une des plus fortes places de guerre de l’Europe. Elle peut contenir une grande quantité de troupes à l’abri de la bombe et du boulet. Napoléon regardait Alexandrie comme une place très importante, et en fit augmenter les fortifications. En 1814 les Autrichiens détruisirent ces fortifications et ne conservèrent que la citadelle. Les princes de la maison de Savoie relevèrent les défenses de cette ville. Aux termes de l’armistice conclu après la bataille de Novarre, le 26 mars 1849, les Autrichiens composèrent la moitié de la garnison d’Alexandrie jusqu’à la paix. En 1856 les fortifications d’Alexandrie furent considérablement augmentées, et une souscription publique fut ouverte pour l’armer de canons. Pendant la campagne d’Italie, en 1859, elle a servi de premier quartier général aux alliés, et de pivot à leurs opérations contre les Autrichiens qui s’étaient approchés de ses murs