Il t’arrache, sanglant, aux fureurs des soldats,
Dont les coups redoublés achevaient ton trépas.
Tu vis : songe du moins à lui rester fidèle,
Le théâtre d’Eschyle, d’Euripide et d’Aristophane, beaucoup plus libre que le nôtre, fourmille d’allusions aux événements et aux hommes de l’époque, allusions beaucoup moins fréquentes et surtout moins directes chez nous. Le théâtre moderne en a pourtant risqué quelques-unes.
On sait que c’est une allusion qui corrigea Louis XIV de la manie de figurer dans les fêtes et ballets de la cour. Racine avait osé, dans Britannicus, faire dire par Narcisse à Néron lui-même comme exprimant la pensée des Romains :
Louis XIV eut le bon esprit de s’appli- quer ces vers et renonça aux succès de théâtre qu’il avait jusqu’alors obtenus.Pour toute ambition, pour vertu singulière,
Il excelle à conduire un char dans la carrière,
À disputer des prix indignes de ses mains,
À se donner lui-même en spectacle aux Romains.
Très-souvent l’allusion, fidèle à son étymologie, n’offre qu’un simple jeu de mots. Une allusion qui renferme une louange aussi fine que délicate, est celle que Mlle de Scudéri employa dans un impromptu qu’elle fit en voyant le prince de Condé cultiver de ses mains les fleurs de son jardin à Vincennes :
En voyant ces œillets qu’un illustre guerrier
Arrose de la main qui gagna des batailles,
Souviens-toi qu’Apollon bâtissait des murailles,
Et ne t’étonne pas que Mars soit jardinier.