Altesse
- Encyclopédie de famille
Altesse. Cette qualification fut d’abord usitée pour les potentats et les princes de l’Église. Les rois de France de la première et de la seconde race se donnaient souvent le titre de celsitude ou d’altesse, en parlant d’eux-mêmes. Saint Bernard le donne à Gauthier de Bourgogne, évêque de Langres. Dans la suite les titres de grandeur et d’éminence ont succédé à celui d’altesse, pour les archevêques et évêques qui n’avaient point de souverainetés. Les rois de Castille, d’Aragon et de Portugal ont porté le titre d’altesse jusqu’au seizième siècle. Charles-Quint, roi d’Espagne, le porta jusqu’à son avènement à l’empire (1519 ). Les enfants de ce prince et ceux de Ferdinand son frère, ainsi que tous leurs enfants et descendants, archiducs d’Autriche et infants d’Espagne, prirent le titre d’altesse. Ce titre frit aussi donné aux princes Philibert et Thomas de Savoie, comme fils de l’infante Catherine d’Autriche. L’empereur le donna à don Juan d’Autriche. En France, les prédécesseurs de Louis XI avaient ordinairement la qualité d’altesse, quelquefois celle d’excellence. Dès que les rois de France eurent adopté le titre de majesté, celui d’altesse fut donné d’abord à leurs frères et à leurs enfants seulement. Le grand Condé ayant réclamé d’Alexandre VII le titre d’altesse, le pape le lui accorda. Depuis lors tous les princes du sang prirent cette qualification, qui est aussi passée aux enfants des rois. En Allemagne, les princes souverains, tant séculiers qu’ecclésiastiques, prirent également le titre d’altesse à l’époque où celui de majesté prévalut pour les rois. Les princes investis d’électorats étaient qualifiés d’altesse électorale. En 1637, Louis XIII fit donner par ses ambassadeurs le titre d’altesse aux princes d’Orange. Cromwell prit le même titre en s’emparant du pouvoir (1649). En Italie, ce titre ne fut pas accordé d’abord à tous les princes jouissant de la souveraineté. Le connétable Colonne et le duc de Bracciano le prenaient en y ajoutant la qualité de sérénissime. Les cadets de ces princes et de ceux d’Allemagne ne se qualifiaient d’abord que d’excellence, mais dans la suite ils prirent le titre d’altesse. Depuis, on donna le titre d’altesse sérénissime à tous ceux qui jouissaient du titre et des honneurs de princes, soit en France, soit dans les pays étrangers. Les maisons de Lorraine-Elbeuf, de La Tour-Bouillon, de Rohan-Guémenée et de La Trémouille, jouirent du titre d’altesse à la cour de France jusqu’à la révolution, comme princes étrangers. Les traités de 1814 et de 1815 avaient expressément conservé ce titre au prince de Talleyrand.
Don Ferdinand d’Espagne, cardinal-infant, archevêque de Tolède, ayant été nommé gouverneur des Pays-Bas par le roi Philippe IV, son frère, traversait l’Italie, en 1633, pour se rendre dans son gouvernement ; se voyant environné d’une multitude d’altesses avec lesquelles il ne voulait pas être confondu, il prit le titre d’altesse royale, que lui donna même le duc de Savoie, quoiqu’il n’en reçût que celui d’altesse. Gaston de France, duc d’Orléans, se trouvait à Bruxelles à l’arrivée du cardinal-infant. Comme lui fils et frère de roi, il prit aussi le titre d’altesse royale. Telle fut l’origine de cette qualification, portée par les fils et petits-fils de rois en France, en Angleterre et dans le Nord. À un degré plus éloigné, les princes du sang ne prennent plus que le titre d’altesse sérénissime. Philippe de France, duc d’Orléans, frère unique de Louis XIV, et son fils Philippe, aussi duc d’Orléans, portèrent le titre d’altesse royale ; mais les enfants et descendants de ce dernier prince n’ont plus porté que le titre d’altesse sérénissime jusqu’à l’avénement de Charles X, qui accorda à la branche d’Orléans le titre d’altesse royale, que Louis XVIII lui avait refusé. Le duc de Bourbon avait obtenu la même faveur. Les princes de Condé et de Conti n’avaient que l’altesse sérénissime. En Allemagne, depuis 1815, les grands-ducs souverains portent le titre d’altesse royale.
En 1861 le roi de Prusse a donné le titre d’altesse royale au prince de Hohenzollern. En 1864 la reine d’Angleterre a voulu que ce titre fût donné non-seulement aux entants des souverains de ce royaume, mais encore aux enfants des fils de souverains.
On donne le titre d’altesse impériale aux fils et petits-fils d’empereurs. En France, ce titre appartient aux membres de la famille impériale ; les membres de la famille de l’empereur n’ont que le titre d’altesse.