Amende honorable
- Encyclopédie de famille
Amende honorable. C’était une punition infamante, une espèce de réparation publique, particulièrement usitée en France, et à laquelle on condamnait nonseulement les criminels de lèse-majesté, mais encore ceux qui s’étaient rendus coupables d’un scandale public, tels que les séditieux, les sacrilèges, les faussaires, les banqueroutiers frauduleux, les calomniateurs, les usuriers, les blasphémateurs, etc. Sous les rois de la première race, tout individu convaincu de quelque crime considérable était condamné à parcourir une certaine distance, nu, en chemise, portant un chien ou une selle de cheval sur les épaules. C’est là, dit-on, l’origine de la coutume de faire amende honorable en chemise, avec quelque marque ignominieuse.
On distinguait deux sortes d’amendes honorables : l’une simple ou sèche, l’autre in figuris. La première était une réparation imposée à celui qui avait fait ou dit quelque chose contre l’honneur d’une personne. Le condamné devait dire dans la chambre du conseil, tête nue, à genoux, et sans aucune marque d’ignominie, qu’il avait « faussement dit ou fait quelque chose contre l’autorité du roi ou contre l’honneur de quelqu’un ; ce dont il demandait pardon à Dieu, au roi et à la justice. » La formule était la même pour l’amende honorable in figuris, et les formalités à observer différaient peu. Le coupable était à genoux, en chemise, la corde au cou, une torche à la main, et conduit par le bourreau. Si celui qui devait faire amende honorable refusait d’obéir, il pouvait être condamné à une plus forte peine, au fouet, au pilori, aux galères, et quelquefois même à la mort.
L’autorité ecclésiastique ne pouvait soumettre son justiciable à l’amende honorable dans un lieu public. C’était ordinairement dans une église. Notre histoire nous montre deux princes forcés de subir cette humiliante punition : Louis le Débonnaire, en 833, et Raymond VII, comte de Toulouse, en 1207. L’amende honorable n’était souvent que le prélude de la peine capitale ou des galères. Dans certains cas le condamné portait devant et derrière lui un écriteau indiquant la nature de son crime.
L’ordonnance de 1670 déclarait qu’après la peine de mort l’amende honorable était une des plus rigoureuses punitions. Cette ordonnance la mettait au nombre des peintes afflictives. L’amende honorable a été abolie par le Code pénal de 1791.
Dans la liturgie, l’amende honorable est un acte religieux consistant principalement en une prière plus ou moins longue dans laquelle le prêtre, en son nom et en celui des fidèles, demande pardon à Dieu des injures faites à son nom par les blasphémateurs et les sacrilèges.