Amiens

Amiens, chef-lieu du département de la Somme, ancienne capitale de la Picardie, a 56,745 habitants. Elle est le siège d’un évêché, d’une académie universitaire et d’une cour impériale.

Colbert y établit des manufactures considérables de draps, casimirs, velours, moquettes, étoffes de laine, toiles, indiennes, tapis et toiles peintes. Aujourd’hui on y fabrique surtout des alépines, des satins de laine, des étoffes de poil de chèvre, des peluches, des velours d’Utrecht et des velours de coton, du linge damassé, etc., etc. Les pâtés d’Amiens, dont on fait une assez grande consommation en Angleterre, sont très renommés.

Jadis ville forte, aujourd’hui démantelée, Amiens a vu ses remparts abattus faire place à de beaux boulevards. Son inoffensive citadelle a seule été respectée. Amiens se divise en haute et basse ville. La ville basse est celle de César ; et la tradition raconte des prodiges de la manufacture d’armes qu’y avait fondée le conquérant romain ; c’est encore la petite Venise de Louis XI, ainsi nommée de ce que la Somme s’y ramifie en onze bras qui, se rejoignant et se séparant de nouveau, forment une infinité d’îles unies par des ponts en pierre. La cathédrale, construite d’après le plan de Robert de Luzarches, présente des piliers d’un seul jet, â baguettes et à filets carrés alternatifs, soutenant des voûtes terminées en ogives, dont les arceaux se croisent diagonalement ; elle offre des effets éblouissants de lumière et d’ombre, résultant,, dans les diverses parties de l’édifice, des dimensions bien proportionnées de hauteur et de largeur des ailes et de la nef. La légèreté et la hardiesse de cette église ne nuisent ni à sa force ni à sa solidité. C’est un musée où les inimitables boiseries des quinzième et seizième siècles, les riches autels de marbre du dix-septième, les grilles de fer du dix-huitième, les sculptures de Blasset et de ses successeurs se disputent l’admiration des curieux. Amiens a élevé des statues à Gresset et à Pierre l’Ermite. Une loterie Ta aidé à construite le musée Napoléon. Un particulier a fait les frais d’une fontaine monumentale dont les figures ont été exécutées par M^me Léon Bertaux.

Amiens est une ville fort ancienne : Jules César y tint une assemblée générale des Gaules. Antonin et Marc-Aurèle l’augmentèrent. Lors de l’invasion des barbares, elle fut prise par les Alains, par les Vandales et par les Francs. Mérovée y fut élu roi, Clodion y résida, Attila et les Normands la ravagèrent ; Charles Villa tendit pour 400,000 écus d’or au duc de Bourgogne ; Louis XI la racheta pour le même prix. Enlevée par les Espagnols, elle leur fût reprise par Henri IV, qui fit bâtir la citadelle.

Un Traité de paix fut signé à Amiens le 27 mars 1802, entre la France et la Grande-Bretagne, l’Espagne et la république Batave. L’Angleterre conservait de ses conquêtes l’île de Ceylan et celle de la Trinité ; les ports du Cap de Bonne-Espérance lui restaient ouverts. La France rentrait en possession de ses Colonies. La république des Sept-Iles était reconnue ; Malte retournait sous la dépendance de l’Ordre. L’Espagne et la république Batave rentraient en possession de leurs colonies, à l’exception de Ceylan et de ïa Trinité. Les Français devaient évacuer Rome, Naples et l’île d’Elbe. La maison d’Orange devait être dédommagée. Enfin l’intégrité de la Porte, telle qu’elle était avant la guerre, était reconnue. Le sultan Selim accéda, le 13 mai 1802, au traité d’Amiens. Cette paix fut bientôt désapprouvée en Angleterre. Le 10 mai 1803 la cour de Londres demanda une indemnité pour le roi de Sardaigne, la cession de l’île Lampeduse et l’évacuation des républiques Batave et Helvétique. Ces conditions ayant été repoussées par le gouvernement français, la guerre éclata de nouveau.