Ampoule

  • Duchesne aîné
  • Encyclopédie de famille

Ampoule. En général, c’est une fiole, un vase quelconque, et plus spécialement un vase d’église contenant l’huile du saint chrême. La sainte ampoule était une très petite fiole en verre blanchâtre, datant d’une haute antiquité ; elle avait 40 millimètres de haut, sa circonférence était de 15 millimètres au cou et de 30 à la base. Le baume qu’elle contenait était roux, peu liquide et sans transparence. Conservée à Reims, dans l’abbaye de SaintRemi, elle était placée dans un précieux reliquaire enfermé dans le tombeau de saint Remi ; les clefs du tombeau étaient déposées dans la chambre même du prieur. Lorsque pour un sacre on avait besoin de la sainte ampoule, le prieur apportait le reliquaire, suspendu à son cou ; quatre des plus hauts seigneurs étaient livrés à l’abbaye pour otages, et faisaient serment de réintégrer la sainte ampoule aussitôt après le sacre. Le cheval que montait le prieur, le dais sous lequel il se plaçait lors de la procession qui conduisait la sainte ampoule de l’abbaye à la cathédrale, et les guidons des quatre otages restaient à l’abbaye ; ces quatre guidons ornaient le tombeau de saint Remi jusqu’au sacre suivant. Quant au baume, il n’y a pas lieu de s’étonner qu’il ait duré longtemps, puisque l’évêque consécrateur n’en prenait qu’avec une aiguille d’or, placée dans le reliquaire à côté de la sainte ampoule, et mêlait cette parcelle avec du saint chrême, pour faire au roi les onctions d’usage dans ce cérémonial.

Hincmar rapporte que lors du baptême de Clovis par saint Remi, le clerc qui portait le saint chrême ne pouvant, à cause de la foule, entrer dans l’église, saint Remi leva les yeux au ciel, et une colombe, plus blanche que la neige, parut, portant à son bec une fiole remplie d’un baume céleste. Suivant une autre version, la sainte ampoule aurait été apportée par un ange. Ni Grégoire de Tours, ni Frédégaire, ni Avitus, ni Flodoard, ne parlent de ce miracle. Saint Remi lui-même, dans son testament, n’en dit rien. D’après M. Tarbé, « ce ne fut qu’au couronnement de Louis VII qu’on parla pour la première fois de la sainte ampoule. » Dans son ancien reliquaire, elle était portée par une colombe en or, avec un bec et des pieds en corail ; autour régnait un encadrement dentelé et carré, placé, dans une pièce ronde en vermeil, ciselée, enrichie de pierres précieuses de diverses couleurs. Une chaîne en argent, fixée à ce reliquaire, servait à le suspendre au cou lorsqu’on le transportait pour le sacre. La sainte ampoule n’est pas mentionnée dans l’inventaire des châsses fait à Reims le 13 novembre 1792. Peut-être cet oubli la fit-elle conserver encore quelque temps après la fermeture des églises. Philippe Ruhl, député à la Convention, en mission dans la lame, ayant appris qu’elle existait entre lesmàins de M. Seraine, curé de SaintRemi, en demanda la remise, la brisa à coups de marteau, en présence du peuple, sur les degrés du piédestal de la statue de Louis XV, et envoya le reliquaire à la Convention. Mais au moment où M. Seraine s’était vu obligé de livrer la sainte ampoule, il avait cru devoir en retirer quelques parcelles de baume, qu’il partagea avec M. Philippe Ourelle, officier municipal et ancien marguillier. Depuis, des enquêtes furent faites pour constater l’authenticité de ces reliques. Ces parcelles furent réunies le 11 juin 1819, dans une petite boîte en argent doublée d’une étoffe de soie. En 1826, pour le sacre de Charles X, elles furent déposées dans une nouvelle ampoule en cristal, placée dans un coffret en vermeil, véritable chef-d’œuvre de ciselure, enrichi de pierres précieuses, avec un couvercle en cristal surmonté de la colombe traditionnelle. Ce coffret est placé sur un socle en orfèvrerie, orné sur les faces principales de deux bas-reliefs représentant le baptême de Clovis et le sacre de Louis XVI. À l’un des bouts sont les armes des Bourbons ; à l’autre, celles du pape. Sur la plinthe et sur diverses parties du socle sont répartis des médaillons ciselés représentant les rois de France.