Ancône
- Encyclopédie de famille
Ancône, chef-lieu d’une province de son nom dans le royaume d’Italie, ancien chef-lieu de la délégation du même nom dans les États de l’Église et de la Marche d’Ancône, est bâtie sur le promontoire Situé le plus au nord-est de la côte de la mer Adriatique. Elle a 46,090 habitants, et fut vraisemblablement fondée par des réfugiés syracusains. Elle possède un bon port, dont il est fait mention, ainsi que de la ville elle-même, dans les plus anciens écrivains. Le commerce, surtout avec Venise, Trieste et la Grèce, et l’industrie manufacturière y ont acquis de grands développements. L’empereur Trajan entoura le port de quais en marbre, et le pape Benoît XIV fit reconstruire la digue qui s’avance à plus de 700 mètres dans la mer. Pour conserver la mémoire de ces bienfaits, les habitants ont élevé en l’honneur de ces deux princes l’arc de triomphe en marbre blanc qu’on voit encore aujourd’hui sur le môle. L’église principale, placée sous l’invocation de saint Cyriaque, a été construite sur l’emplacement qu’occupait un temple dédie à Vénus. La bourse et le grand établissement de quarantaine sont encore à citer parmi les édifices publics. Fortifiée dès la plus haute antiquité, assiégée, prise et détruite tour à tour par les Romains, les Lombards et les Sarrasins, Ancône parvint à se relever de ses ruines et même à se constituer en république indépendante ; mais en 1532 le pape Clément VII réussit à s’en emparer par surprise, et il l’annexa avec son territoire aux États de l’Église. Le siège d’Ancône, entrepris de concert, eu 1799, par les Russes et les Autrichiens, et pendant lequel la garnison française, commandée par le général Meunier, opposa la plus longue et la plus courageuse résistance, est remarquable par cette particularité que lors de l’assaut, des Autrichiens ayant abattu le drapeau que les Russes avaient les premiers planté sur les remparts, ce fut l’origine de la mésintelligence qui ne tarda pas à se manifester entre l’empereur Paul et les coalisés.
En 1831 les troupes autrichiennes ayant occupé les Marches romaines insurgées, le ministère français, que présidait Casimir Périer, résolut de détruire par un coup de main l’influence du cabinet de Vienne dans les États de l’Église. Une escadre française vint mouiller à l’improviste dans les eaux d’Ancône. Dans la nuit, quinze cents hommes débarquèrent et s’emparèrent d’Ancône, sans rencontrer de résistance, le 22 février 1832. Le lendemain une capitulation mit la citadelle en leur pouvoir. Le général Cubières succéda au colonel Combes dans le commandement de la place. Malgré toutes les protestations du saint-siège, les Français continuèrent à occuper militairement Ancône jusqu’en décembre 1838, époque où ils évacuèrent le territoire pontifical en même temps que les troupes autrichiennes. Pendant toute la durée de l’occupation, l’autorité civile avait continué à être exercée par les représentants du saint-siège.
Après le renversement du gouvernement pontifical en 1849, Ancône reconnut la république. Cette ville fut attaquée le 24 mai par les Autrichiens, qui venaient de prendre Bologne ; le 12 juin la garnison fit une sortie, qui ne réussit point, et la ville fut forcée de capituler le 19. Zambeccari y commandait. Les Autrichiens occupèrent Ancône et les Marches jusqu’à la guerre d’Italie en 1859. Les progrès des Français les obligèrent à se retirer au mois de juin. Les habitants se soulevèrent et offrirent les clefs de la ville à l’amiral Jurien-Lagravière, qui les refusa. L’autorité du pape y fut rétablie, mais une sourde agitation y régnait. Au moment de l’arrivée de Garibaldi à Naples, les Marches et l’Ombrie se mirent en insurrection, le 6 septembre 1860. Quelques jours après, les géuéraux Fanti et Cialdini envahissaient les États de l’Église. Le général Lamoricière vint attaquer les positions du général Cialdini près de Castelfidardo, le 18 septembre. Cette attaque ayant échoué, il se réfugia dans Ancône avec peu de troupes. Le même jour le général Cialdini laissa devant la place des forces suffisantes pour en commencer le siège, et six frégates de la flotte sarde-napolitaine, sous les ordres du vice-amiral Persano, bloquèrent le port. Les assiégés n’avaient que 120 pièces en batterie, et ils n’étaient guère que 7 à 8,000 hommes. Après plusieurs jours de bombardement, l’armée de terre, conduite par le général Cadorna, finit par s’emparer d’un faubourg et de la porte Pia, qui fut prise et reprise cinq fois. La flotte décida du succès ; dans la nuit du 26 septembre, elle avait en vain tenté de mettre le feu aux pontons qui barraient l’entrée du port, mais le 28 au matin elle parvint à détruire les batteries disposées sur les môles, et fit taire lire redoute ; les casemates croulèrent et la poudrière sauta. La garnison se rendit à discrétion au général Fanti, le 29. La prise d’Ancône livra aux Piémontais 7,143 prisonniers, dont 3 généraux, 17 officiers supérieurs, 331 officiers subalternes. Elle coûta environ 1,500 hommes aux assiégés et aux assiégeants réunis. Sitôt libre, là ville d’Ancône vota son annexion à la Sardaigne, le 4 novembre 1860. Le 11 novembre 1861 le roi Victor-Emmanuel alla inaugurer le chemin de fer d’Ancône à Bologne. Ancône a pris une grande extension depuis. Trois lignes de forts détachés la protègent.