Ailes

  • Art militaire
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Ailes. Lorsqu’une armée se range en ordre de bataille, les corps qui forment les deux extrémités de la ligne prennent le nom d’ailes, de même que les troupes qui se sont placées entre les deux ailes prennent celui de centre. Dans une telle disposition, l’aile qui se trouve à la droite du centre en faisant face à l’ennemi, est l’aile droite, l’autre est l’aile gauche, en sorte que quand deux armées viennent en présence, l’aile droite de l’une a pour antagoniste l’aile gauche de l’autre, et, réciproquement, l’aile gauche de celle-ci, l’aile droite de celle-là.

L’usage de diviser ainsi les armées en trois parties distinctes remonte à l’époque où l’art de la guerre prit naissance chez les anciens peuples de l’Orient. Les Grecs, après avoir organisé leur épaisse et lourde phalange, si formidable quand il s’agissait d’attaquer de front ou de combattre de pied ferme, s’aperçurent bientôt que son peu de mobilité en rendait les flancs extrêmement vulnérables, et alors, pour les couvrir, ils partagèrent toute leur cavalerie en deux troupes, et les placèrent, l’une à droite, l’autre à gauche du front de la phalange. Cet ordre de bataille est plusieurs fois mentionné dans les ouvrages de Thucydide et de Xénophon. Épaminondas, chez les Thébains, Philippe, puis Alexandre, chez les Macédoniens, n’en ont guère employé d’autre.

Des Grecs, cet ordre passa chez les Romains. Eux aussi, ils plaçaient, leurs légions pesamment armées au centre de leur ligne, et réservaient pour les ailes leur cavalerie et leurs troupes légères. Le centre, grâce à cette disposition, ne craignait plus d’être tourné par ses flancs, et pouvait garder toute sa force pour agir de front. Les ailes ne jouissaient pas de la même sécurité, car un de leurs flancs restait toujours découvert, mais c’était par cette raison même qu’on ne les formait en général que de cavalerie, afin que la célérité de leurs mouvements leur permît de mieux échapper au péril. Aussi, ce mot d’ailes, que nous avons emprunté à la langue latine, faisait sans doute allusion aux ailes qui couvrent de droite et de gauche le corps d’un oiseau, et indiquait en outre chez les Romains la légèreté que devaient avoir les deux extrémités de l’armée comparativement au centre.