Analogie

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Analogie. Ce mot signifie dans l’usage un ou plusieurs rapports de conformité, de ressemblance entre les choses. L’analogie diffère de l’identité en ce qu’elle a lieu entre des choses distinctes ; et de la similitude, en ce que les choses qu’elle rapproche ont des points semblables et des points différents, En métaphysique, c’est un jugement naturel de l’expérience ; en logique, une preuve ou une forme d’argument ; dans les sciences, un procédé de méthode.

Comme jugement de l’expérience, l’analogie est prochaine ou éloignée. L’analogie prochaine est la perception actuelle de la similitude ou de la connexion de deux ou de plusieurs choses présentes ; elle saisit les propriétés communes, les caractères semblables des objets matériels, la corrélation de ceux-ci avec nos organes, de nos organes avec nos sentiments et nos facultés, enfin de nos sentiments et de nos facultés avec leurs fonctions ; elle saisit les rapports des nombres et des figures, les harmonies des sons et des couleurs, la correspondance des parties de l’économie physique et morale des êtres vivants ; et, par une échelle de gradations qui ne permet à aucune partie de l’univers d’être isolée, s’élevant jusqu’au cœur et jusqu’à l’esprit de l’homme, elle pénètre les rapports intimes qui les unissent, et ceux qui les lient à la société et à l’ordre universel. Tels sont les rapports de similitude que nous apercevons entre les métaux, les végétaux ; entre les substances alimentaires et nos organes ; entre l’action et la volonté, les sentiments et les traits de la physionomie ; entre les signes de la bienveillance, du mépris ou de la haine avec nos affections. Celte première analogie, tout intuitive, est le fondement des espèces et des causes finales ou du rapport des moyens à la fin.

L’analogie éloignée est celle par laquelle, étant connu le rapport de deux faits, nous concluons l’existence de l’un de l’existence de l’autre ; par exemple, lorsque de la perception d’un sens nous passons à celle d’un autre, du son d’un corps à sa forme, à sa couleur ; de sa couleur à son poids, à son odeur, à sa saveur : c’est le phénomène que les philosophes écossais appellent perceptions acquises, dont il est parlé au mot Association, Par une autre liaison, nous jugeons de ce que les pierres tombent, de ce que le feu brûle dans les lieux que nous habitons, que les pierres tombent, que le feu brûle dans les lieux où nous ne sommes pas ; que les fruits doivent paraître, quand nous voyons les arbres se couvrir de fleurs ; que le temps sera pluvieux, quand le mercure descend dans le tube du baromètre ; que les êtres qui agissent et donnent des signes de joie ou de douleur, et dont les actions sont dirigées vers un but, sont sensibles, animés d’une volonté et d’une intelligence, comme nous ; qu’ils aiment, comme nous, la vérité et la justice, et que nous pouvons ajouter foi à leurs discours et nous fier à leur parole, à moins qu’une analogie contraire ne modifie ce jugement. C’est ainsi que la succession des phénomènes et des mouvements réguliers ordonnés à des fins périodiques, révèlent à notre esprit une cause intelligente. Cette seconde analogie, vulgairement nommée induction, qu’il ne faut pas confondre avec l’induction scientifique, est le fondement de la connaissance que nous avons des dispositions naturelles et des facultés de nos semblables, et de celles des animaux ; elle est le fondement de là connaissance que nous avons des causes physiques, improprement nommées efficientes.