Algues

  • Encyclopédie de famille

Algues. On a désigné longtemps sous cette vague dénomination une foule de plantes aquatiques qui ont peu ou point de rapports entre elles. Tournefort plaçait des phanérogames et des polypiers parmi ses algues. Linné nommait ainsi le troisième ordre de sa cryptogamie, après en avoir seulement ôté toutes les productions animales. Jussieu restreignit encore le nombre des algues de Linné. D’après Fries, les algues, dont il a fait une sous-classe, divisée en trois familles (les phycées ou algues submergées, les lichens ou algues émergées, et les byssacées ou algues amphibies), sont des plantes agames, vivant dans l’air, au fond ou à la surface des eaux douces ou salées, le plus souvent vivaces, remarquables par une texture cellulaire ou filamenteuse dans laquelle il n’entre jamais de vaisseaux.

On distingue aussi les algues d’une manière générale en algues d’eau douce et en algues marines. Celles-ci, les seules qui présentent quelque intérêt, sont tantôt étendues en membranes à la surface des rochers, tantôt en lanières simples ou ramifiées et adhérentes su fond de la mer au moyen de pédicules. Leur longueur est quelquefois très considérable. Le chorda filum, si commun dans la mer du Nord, atteint souvent 13 mètres, et le macrocytis pyrifera jusqu’à 500 mètres. Les algues se soutiennent à la surface de l’eau par le moyen de vésicules remplies d’air, et forment dans certains parages ces prairies marines qui effrayèrent Christophe Colomb, et à travers lesquelles un bateau a de la peine à se frayer un passage. Ces végétaux sont vulgairement désignés sous le nom de varechs ou goémons.

Plusieurs espèces d’algues sont d’une grande utilité. Les varechs ou fucus, que l’on trouve si abondamment sur les côtes de l’Océan et de la Méditerranée, sont employés dans plusieurs contrées pour fumer les terres, ou pour nourrir les bestiaux pendant l’hiver. On retire des cendres de plusieurs algues, entre autres du fucus vesiculosus, une assez notable quantité de soude et de potasse, et c’est des eaux-mères des sels que fournit la lessive de ces cendres qu’on extrait l’iode. Quelques espèces, telles que les fucus dulcis, escabutus, edulis, le laminaria saccharina, servent d’aliments aux habitants de certaines contrées maritimes. C’est du sphærococcus tenax que les Chinois retirent le vernis qui recouvre leur papier et leurs étoffes de soie ; et c’est en se nourrissant du codium bursa que l’hirondelle nommée hirundo esculenta fabrique ces nids imprégnés de gélatine dont les Chinois font un commerce considérable. Enfin le gigartina helminthocorton, vulgairement appelé mousse de mer, est un excellent vermifuge que l’on administre, soit en poudre, soit en infusion, aux enfants affectés de vers intestinaux.

Certaines algues marines, abandonnées à l’air, se couvrent de petites efflorescences blanchâtres, qui sont dues à une désoxydation du mucilage qui recouvre en abondance la fronde de ces plantes. Ces efflorescences sont tantôt des chlorures, tantôt de la mannite. Cette substance est particulièrement très abondante sur les laminaria digitata, saccharina et lomentaria ; cette dernière laminaire, appelée cornaille sur les côtes de la Bretagne, est celle qui en fournit le plus.