Amour
- Encyclopédie de famille
Amour, fleuve qui se jette dans l’océan Pacifique ou plutôt dans la Manche de Tarrakaï. Il est formé par la réunion du Kheroulun ou Argoun avec l’Onon ou Schelka. Son affluent principal est le Soungari. Il est navigable dans toute son étendue. Le nom d’Amour lui est donné par les Tongouses ; les Mandchoux le nomment Sakhalian-Oula et les Chinois He-Loung-Kiang. L’Onon vient de la Mongolie chinoise, l’Argoun coule sur le territoire russe. Après leur réunion, ces deux rivières, coulant de l’ouest à l’est, arrosent Yaksa, Mariinsk, postes russes, et Nicolaïevsk, à 32 kilomètres de la mer. Depuis ce point, l’Amour a de 2 à 4 kilomètres de large et de 40 à 60 mètres de profondeur. Malheureusement son embouchure est obstruée par des barres, son cours est embarrassé d’îles nombreuses, et ses eaux sont gelées sept ou huit mois de l’année. Les Russes se sont établis à Yaksa ou Albasin au commencement du dix-septième siècle ; ils y soutinrent des combats fréquents avec les Chinois. Par un traité signé avec la Chine près de Nertchinsk, en 1689, la Russie renonça à la frontière de l’Amour ; mais peu à peu les Russes se rapprochèrent de ce fleuve, et en 1847 ils s’y trouvaient revenus. L’empereur Nicolas fonda la ville de Nicolaïevsk sur l’Amour, dont plusieurs expéditions scientifiques explorèrent le cours et le bassin. L’empereur Alexandre II fortifia les stations russes le long du fleuve. La Chine envoya à Nicolaïewsk un ambassadeur charge de sommer les Russes d’évacuer cette contrée ; mais les dispositions hostiles de la Russie, quand il allait avoir la guerre avec la France et l’Angleterre, adoucirent l’empereur de la Chine, et le 28 mai 1858 un ambassadeur chinois signa avec le général Mouravieff un traité par lequel l’Amour sert en grande partie de limite aux empires de Russie et de Chine. Les Chinois peuvent y naviguer, comme les Russes peuvent naviguer sur l’Oussouri et le Soungari. À 350 kilomètres de son embouchure, l’Amour se rapproche de 60 kilomètres de la baie de Castries, où les plus grands navires trouvent un abri sûr. Les Russes ont élevé sur cette baie le fort Alexandrovsk, qui abritera une ville mise en communication avec l’Amour au moyen d’un chemin de fer. Une compagnie s’est formée pour la navigation de l’Amour. De la houille a été découverte dans le bassin de ce fleuve. Blahovestchinsk a été fondé près de l’endroit où la Séja confond ses eaux avec l’Amour, et une colonie de quinze mille Cosaques a été envoyée sur les bords de ce fleuve. L’acquisition du territoire de l’Amour a été complétée plus tard par la cession que fit le Japon au général Mouravieff de l’île Saglialien, qui commande l’embouchure du fleuve à l’est.